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site de Roland Goeller
11 novembre 2009

Mémoire d’excès, excès de mémoire

Le 9 novembre 2009 dernier, l’Europe célébrait en grandes pompes l’un de ses récents événements emblématiques, la chute du mur de Berlin. Cette commémoration n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Il ne se passe pas une semaine, bientôt pas un jour, sans un événement à commémorer. Il y a là comme une peur que l’oubli ne s’installe et n’efface les héritages mémoriels. Cette peur conduit la puissance publique à légiférer sur la mémoire collective (lois Tobira, Gayssot, journée Guy Moquet…) sous la pression du reste insistante d’une opinion publique qui ne cesse de faire entendre sa voix.

On cite souvent la Shoah. Plus jamais ça ! Cependant le seul souvenir de la Shoah est-il de nature à légitimer cette sorte de paradigme de la mémoire entretenue ? Certes, le seul souvenir de la Shoah justifie que l’on rappelle urbi et orbi qu’il y eut un moment, au cours de l’histoire récente, où la civilisation a failli collectivement. Faut-il en inférer pour autant qu’il convient d’étendre l’exercice de la mémoire ritualisée et légalisée à une pléiade d’événements ?

Posons cette question d’une autre façon : le recours à la loi est-il le meilleur moyen pour entretenir la mémoire ? Et que vaut encore une mémoire qu’il faille stimuler avec le fouet de la loi ? La mémoire est la propriété de la nation et de son peuple, elle ne se transmet jamais aussi bien que par le conte, de bouche à oreille, de génération en génération, de grand-père à petit-fils. Sans doute est-il nécessaire pour cela de faire taire un instant la vidéo et les jeux électroniques (lesquels enseignent qu’il n’y a rien dont il faille se souvenir) mais pas seulement ! Il faut aussi un projet d’avenir (non pas un projet collectif, un projet de société comme en rêvaient les utopistes et les collectivistes) mais une émulation tournée vers l’avenir et le devenir. L’existence d’un devenir induit tout naturellement la nécessité du regard vers le passé– savoir d’où on vient pour savoir où on va – nulle loi n’est nécessaire pour entretenir cette dynamique.

Si donc le recours à la loi s’impose, cela signifie que la dynamique d’avenir ne fonctionne pas, ce qui se produit en général quand on ne sait pas qui on est. Or c’est précisément la question qui semble le plus effrayer cette vieille Europe, celle de son identité. Certes, la question est ardue. Mais refuser de s’en emparer ouvre un risque bien plus grand encore, à savoir la boîte de Pandore des replis identitaires. 

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comm_moration1

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