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site de Roland Goeller
17 janvier 2010

L’incompétence

 

A la tête des grandes entreprises, les dirigeants vont et viennent. Les uns quittent l’aéronautique pour entrer dans la grande distribution. Les autres sortent de la production d’électricité nucléaire pour entrer dans les cosmétiques. D’autres encore quittent l’automobile pour prendre les rennes d’une chaîne de télévision. A leur décharge, ces derniers se contentent de changer de chaîne. Mais les autres ?

Qu’importe, à vrai dire. Les bilans et comptes de résultats, plans de charge et documents stratégiques, objectifs de vente et de productivité,ont la même gueule ici et ailleurs. Qu’on produise des parfums, des embrayages de voiture ou des repas à la place, les ratios sont les mêmes. De temps à autre certes, résonnent de curieuses expressions pittoresques dans la bouche des nombreux seconds couteaux qui viennent rendre des comptes. Parfois même ils osent laisser entendre que tel ou tel objectif est fantaisiste. Bien sûr, ils font « tache » dans les grands bureaux en palissandre avec des Vasarely et des Soulages au mur, alors d’un geste de la main on les renvoie vers les écuries d’où ils n’auraient jamais du sortir. Puis on téléphone à un consultant pour qu’il vérifie ce que la « tache » a avancé en lui demandant, le cas échéant, de noyer ça dans un rapport de 500 pages.

Comme ils sont agaçants, ces types qui ont une expérience de 15 ans, 20 ans parfois. On n’a pas fini de leur demander quelque chose que déjà ils font la grimace et disent, oui, non, oui mais, non mais … Nous, ce qu’on demande, c’est d’avoir à notre main des types qui disent toujours oui, qui ne passent pas leur temps à chercher (et trouver) la petite bête, des types qui ne discutent pas et se contentent de faire et faire faire ce qu’on leur demande. On n’exige pas d’eux qu’ils connaissent le métier de leurs subordonnés. Du reste lorsqu’ils ne le connaissent pas, c’est encore mieux, ils ne sont pas tentés de partager les arguments de la troupe, ils la font avancer, sans état d’âme, et tant pis s’il y en a qui restent au bord de la route, après tout c’est la faute à la concurrence, pas la nôtre …

Du reste, un métier, qu’est ce que ça veut dire ? Dès qu’ils possèdent deux ou trois tours de main, ces manants s’autorisent des arrogances, font des réflexions, comme si le poste de travail était à eux. Aujourd’hui, un métier à vie ça ne veut plus rien dire : un jour boulanger, le lendemain laveur de vitre, le surlendemain aiguilleur du ciel, etc. Les savoirs sont formalisés en référentiels et procédures, lesquels sont gravés sur les disques durs. Les savoir-faire suivront, qu’on ne vienne plus nous raconter qu’il faut dix ans d’expérience pour faire un bon ingénieur en signalétique, un téléchargement en dix jours fera l’affaire.

Quoi ? Que nous dites vous ? En situation de crise ?

Situation de crise! Situation de crise ! (genre : est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ?) D’abord des situations de crise, c’est pas tous les jours. De même que la tempête de 99!D’accord, les solidarités l’ont alors emporté sur la saine compétition, mais on ne va pas toujours ramener les choses à la tempête de 99. Ca n'arrive qu'une fois. Et si quelque chose va de travers, ils feront un REX (un retour d’expérience), ça les occupera, ils nous foutront la paix … pendant nos garden-parties.

 

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Commentaires
B
OUh ! Ouh ! Celui là est bien gratiné, et bien vu. Ca me rappelle des choses... mais qui êtes vous donc pour savoir tout ça ?
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