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site de Roland Goeller
14 avril 2010

Un oxymore républicain : la "sanctuarisation" de l'école

 

Aujourd’hui, l’école est devenue le lieu de toutes  les insécurités et de tous les débordements. Il suffit de consulter la presse : pas une semaine, pas un jour sans nouveau fait divers, souvent sanglant, sans parler de toutes les incivilités passées sous silence pour ne pas en rajouter. Sous la pression des associations, du corps enseignant, des forces politiques (de tous bords), la puissance publique va de réforme en réforme, de mesure en mesure, de rempart en rempart. Elle en appelle même à la « sacralisation », la « sanctuarisation » de l’école. 

 

Mais que signifie cette sémantique d’un autre âge dans le champ de la modernité républicaine ? 

 

En effet, la république est laïque. Elle l’est de façon constitutionnelle et d’une certaine manière ontologique et fondamentale. Selon la constitution de 1789, la république est l’expression de la volonté du peuple, laquelle est tout sauf théocratique. L’expression populaire est essentiellement laïque. Par conséquent toutes les missions et fonctions qui procèdent de l’expression populaire sont laïques. Ainsi de l’école. 

 

Aussi, le simple fait de l’intégrer dans le champ de l’expression populaire, laïque, désacralise l’école de facto. Cela ne s’est pas produit en une fois. Les lois Jules ferry ne datent que de 1905, plus d’un siècle après la première expression de la volonté du peuple (il faut croire que le sacré a la vie dure). Et la fin des catéchismes remonte aux années 70.

Certes, il est souhaitable que les lieux dévolus à la transmission des savoirs restent malgré tout « sacrés » et « sacralisés ». Cependant ils le restent de manière allégorique ou métaphorique. La terreur qu’inspire le sacré, quant à elle, est évacuée. Le silence « monacal », qui seul convient au sacré (et à l’étude),  est rompu. Les sociologues de tous bords se sont emparés de la matière, illitchiens, bourdieusiens, etc …, qui n’ont eu de cesse de dénoncer qui l’élitisme, qui le sectarisme, qui la discrimination, qui la nourriture impure, qui ceci, qui cela … Lorsque la terreur n’inspire plus le silence, les langues se délient et on sait ce qu’il en est, ce sont les plus bavardes (et pas forcément les plus avisées) qui grimpent à la chair désertée du récitant. L’école est devenue le lieu de tous les bavardages, de toutes les contestations, de toutes les revendications … Ceux qui s’obstinent à vouloir étudier, travailler leurs fondamentaux, sont regardés comme des « bouffons ». On s’en étonne, on s’en offusque, mais on a la mémoire courte : l’école est devenue cela parce que chose de l’expression du peuple, laïque, désacralisée, désanctuarisée, livrée aux (vrais ?) bouffons.

A quel jeu dès lors la puissance publique joue-t-elle en prétendant vouloir « resanctuariser » l’école ? Voudrait-elle nous faire comprendre que l’intégration de l’école dans le champ de l’expression du peuple était une lamentable et funeste erreur ?  Voudrait-elle laisser entendre, à demi-mot bien sûr, que la laïcité, tous comptes faits, est une vaste fumisterie contreproductive ?

 

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Commentaires
A
Salvador Dali, catholique apostolique romain, monarchiste, y est allé de son manifeste en mai 68. Auparavant, "Avida Dollar" avait serré ses billets de banque dans un porte-feuille à la double effigie de Lenine et de Mao. <br /> <br /> Extrait du manifeste :<br /> <br /> "STRUCTURES<br /> <br /> La culture bourgeoise ne peut être remplacée que verticalement. On ne désembourgeoisera la culture qu'en déprolétarisant la société et en orientant vers le haut les fonctions de l'esprit, en les redirigeant vers leur origine divine transcendante et légitime. C'est une aristocratie de l'esprit qui doit apparaître. L'homme-roi ne peut supporter à la cour que des princes de l'esprit..."
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