Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
site de Roland Goeller
22 avril 2010

Le coup de semonce d’Eyjafjöll.

 

 

eyjafjallajokull

Eyjafjallajökull (prononcez Eyjafjallajökull) est le nom du glacier qui recouvre le volcan islandais Eyjafjöll, lequel eut la bonne idée d’entrer en éruption aux alentours du premier avril dernier et de répandre dans les cieux de l’hémisphère nord un généreux nuage de poussières basaltiques et sulfurées, lesquelles obscurcissent les esprits et clouent les avions (à réaction) au sol.

Depuis lors, les humeurs de Jökull font la une des prime time de toutes les chaînes de télé du monde et je parie que le parc hôtelier islandais est envahi par des bataillons de journalistes qui sont à l’affût du moindre battement de cil de sismographe … tandis que les opinions publiques occidentales sont scotchées à leurs i-pod et écrans plats, à faire des pronostics sur le décollage des prochains jets et le retour à la normale du trafic aérien.

Car Jökull empêche des centaines de milliers d’étudiants et de salariés de se rapatrier et de pointer lundi matin. Jökull empêche les constructeurs automobiles de livrer les voitures, faute de composants bloqués sur les tarmacs expéditeurs. Jökull fait perdre des millions de $ aux compagnies aériennes et endosse d’ores et déjà la responsabilité d’ajustements stratégiques à venir (traduisez : licenciements). A bien prendre les choses, Jökull est cette aberration de la nature qui nous empêche de tourner en rond. De surcroît Jökull a la bonne idée d’entrer en scène à la suite de la tempête Xinthia, du tsunami du Chili, du tremblement de terre de Haïti, etc.

Et après Jökull, ce sera quoi ? Décidément, Gaïa, mauvaise joueuse, ne cesse de nous mettre des bâtons dans les roues …

Evidemment, si nous nous contentions, en fin de trimestre, de nous aérer à la campagne proche plutôt que de nous envoler aux antipodes. Si les entreprises ne bâtissaient pas une partie de leurs profits sur le just in time et la mise en tension des livraisons. Si ces mêmes entreprises ne résolvaient pas leurs problèmes de gestion par de la croissance externe qui les transforme en nébuleuses, contraignant leurs salariés à des mouvements browniens à l’échelle planétaire, ainsi qu’à une surconsommation de Prozac. Si nous renoncions à importer nos fruits et légumes à grand renfort de cahiers des charges et normes environnementales pour nous rabattre sur les cerises que nous laissons pourrir sur nos arbres. Si, en toutes choses, nous donnions la préférence au local, à ce qui est à portée de main, plutôt que d’organiser l’interdépendance générale laquelle suppose la collaboration inconditionnelle de Jökull et des lascars de son espèce, le figeage ad aeternam des plaques tectoniques, l’arrêt de la fonte des glaces arctiques, la complaisance docile du Gulf Stream, etc … Si, si, si …

Au lieu de cela nous avons organisé le grand village planétaire et son infinie béatitude. Nous avons organisé des économies aux robustesses douteuses, auxquelles nous cherchons à donner bonne figure à grand renfort de com, mais que le moindre aléa climatique met en péril. Et c’est peut-être la grande leçon que Jökull a voulu nous donner, à savoir apprendre à vivre avec ses inéluctables mouvements d’humeur (on nous dit que l’éruption en cours est rien moins qu’ordinaire !) et à organiser les choses de telle sorte qu’un battement d’aile de papillon en mer de Chine ne déclenche pas un tremblement de terre à N.Y.   

 Aujourd’hui, les choses semblent renter dans l’ordre et dans trois semaines nous aurons oublié que Jökull nous a fait trembler. Quant à moi, je n’ose imaginer ce qu’il se serait passé si en lieu et place de Jökull l’un de ses grands frères se soit  mis en colère !

  

Publicité
Publicité
Commentaires
site de Roland Goeller
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 232 421
Archives
Publicité