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site de Roland Goeller
27 mai 2010

Quel besoin de passer le WE à Barcelone avec Easy Jet ?

  

Le village de nos parents s’est étendu aux dimensions de la planète. La mondialisation, plus que l’interdépendance des économies et le rétrécissement des distances, c’est peut-être avant tout ce sentiment ancré en nous que, désormais, les choses intéressantes sont ailleurs, loin, en mouvement, nomades. Nos cités sont tristes, malgré nos efforts pour les enjoliver, nos jours sont moroses, alors nous recherchons de nouveaux stimulants en des contrées exotiques. L’« ici et maintenant » cher à Pindare et aux épicuriens n’a plus cours, le « carpe diem » devient « carpe ubique ». La terre que nous foulons tous les jours est encombrée de bitume, de machines et d’ordinateurs, de procédures et de modes d’emploi, de postures et  d’impostures, elle est transformée en outil, « araisonnée» aurait dit Heidegger, dépourvue d’âme et de mystère au point que nous aspirons à chercher ceux-ci ailleurs (un ailleurs que nous finirons aussi par dépouiller d’âme et de mystère). Et si la mondialisation n’était que la conséquence de notre propension à rendre invivable nos lieux primitifs de vie et d’ »habitus » ?

Dois-je pour autant rechercher la détente à l’autre bout du monde ? Si la pression urbaine de l’agglomération bordelaise me pèse, quel besoin ai-je de me ressourcer au cours d’un WE à Lisbonne ou Barcelone ? La vallée de la Dordogne est à deux pas, elle est à même de pourvoir abondamment à mon besoin de dépaysement.

Je ne nie pas qu’il soit bénéfique, une fois dans sa vie, de parcourir la ville de Gaudi et de bringuebaler en tramway à trolleys le long des collines du Tage. Mais, à y regarder de près, la mondialisation est faite de beaucoup d’accessoires dont la nécessité ne s’impose nullement. On s’imagine la « Fernweh » (goût de l’exotisme) puissante au point de justifier un exotisme compulsif. Mais c’est à la « Heimatweh » (mal du pays) que nous devons nos accords profonds et, somme toute, il importe plus d’arpenter son territoire que de s’étourdir en mouvements browniens partout et nulle part.

Lisons et relisons, mes amis, les romans de Manuel Vasquez Montalban ou Carlos Ruis Zafon nous en aurons autant voire plus de profit que de passer des WE à Barcelone avec Easy Jet, et de laisser les portiques de détection scanner jusqu’à nos émotions ! 

 

 

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