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site de Roland Goeller
30 juin 2010

Ethique et déontologie

 

Une secrétaire d’Etat pointe du doigt le coût des chambres d’hôtels réservées par une équipe de football. Dix jours plus tard, cette même secrétaire se fait épingler pour une chambre à près de 700 €. En plein débat sur les retraites, une ancienne ministre se voit confier une mission dont la rémunération s’ajoute à sa retraite (dorée). Un ministre du budget prône la rigueur et l’exemplarité fiscale, à l’attention notamment des hauts revenus. La femme de ce même ministre, gestionnaire d’une des plus grosses fortunes de France, se trouve citée dans une affaire d’évasion fiscale et le ministre, par ailleurs trésorier de parti politique, ne peut échapper au soupçon de conflit d’intérêts. Les exemples abondent (sans doute pourrions-nous en trouver à l’envi parmi les personnels politiques de tous bords), nous ne finirons pas d'en dresser la liste, du reste le terme « exemples » nous semble quelque peu grotesque et déplacé, tant les affaires en question nous semblent peu exemplaires.

Dans tous les cas cités, les impétrants attendent que leurs petites et grandes forfaitures soient « mises au grand jour » pour faire amende honorable. Les petits larcins et autres renvois d’ascenseurs aux amis ne les embarrassent aucunement aussi longtemps qu’ils restent confidentiels, connus d’un petit cercle (restreint ; notez que les « petits cercles » sont toujours restreints et que la procédure d’accès se résume à la cooptation) dont chaque membre aurait à faire un aveu de même nature. Lorsque le pot aux roses est découvert, la première riposte consiste à nier farouchement, à montrer les dents, à faire corps autour du malheureux « inquiété ». Et s’élève aussitôt une clameur d’indignation à laquelle les impétrants joignent leur voix : la faute à la société sans valeurs, aux habitudes d’un autre temps, à des errements qu’il y a lieu de faire cesser. Je voudrais attirer votre attention sur les soudains accents de sincérité des types pris la main dans le sac, leurs protestations d’apparente bonne foi réussiraient à faire pleurer une porte de prison. Et donc, après les séances d’auto flagellation (destinées à faire comprendre à l’opinion publique que l’auteur du larcin est avant tout une victime), on en vient aux grands remèdes (comme après les grands maux) : une loi, une règle, une procédure, un code, et que ça saute …

La déontologie se construit au fur et à mesure des règles qu’on édicte après les avoir abondamment enfreintes. La morale consiste à ne pas enfreindre des règles dont nul énoncé n’est nécessaire au préalable.

La déontologie c’est ce qu’on s’interdit de faire par peur du châtiment public. La morale, c’est la somme des comportements auxquels on se conforme par sens du bien public.

La déontologie, on n’a jamais fini d’en faire l’inventaire, les tricheurs ont toujours un coup d’avance pour lequel de nouvelles règles sont nécessaires. La morale consiste en quelques « lois » simples et naturelles (tu ne tueras point, tu honoreras ton père et ta mère …), immémoriales et inaliénables, valables urbi et orbi.

La déontologie c’est invoquer la loi et se retrancher derrière elle, la morale c’est porter la loi en soi-même.

La déontologie c’est éviter la réprobation des autres, la morale c’est conquérir leur estime et leur bienveillance

La morale, c’est porter secours à autrui, même en l’absence de caméras.

Bon j’arrête là. Non sans évoquer la question qui m’obsède, la seule question qui vaille d’être examinée : par quels séries de renoncements successifs, par quels dénis de valeurs, répétés, en sommes-nous arrivés à dépouiller nos âmes de morale au point d’en être réduits à la prolifération de la déontologie ?

 

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