Que convient-il de retenir de l’année 2010 ?

La constante, parfois fulgurante, parfois rampante, mais toujours imperturbable montée en puissance de la Chine, laquelle ne cesse de marquer des points «contre» l’occident, laquelle oppose Confucius au prix Nobel de la Paix décerné à l’un de ses ressortissants, laquelle «vole au secours» des économies grecque ou portugaise (mises en demeure de vertu budgétaire par une Europe plus prompte à la sanction qu’à la gouvernance) en échange d’une main mise sue les ports du Pyrée et de Sines, deux entrées sud pour leurs exportations vers l’Europe (une route Marco Polo inversée), laquelle maintient la cotation du yuan largement en dessous de sa valeur réelle.

La constance (désormais presque imperceptible à force de permanence) du conflit israélo-palestinien, marqué par des rhétoriques pacifistes démenties chaque jour par les agissements provocateurs de la part des deux camps, colonisation ininterrompue et non concertée, agressions à la roquette, expédition anti-blocus adossée à l’aide humanitaire.

La constante (et désormais perceptible) dégradation des économies européennes, dont les institutions bancaires ont emboîté le pas aux expériences de financiarisation et de multiplication du crédit les plus scabreuses (avec une bonne foi d’écolier cancre), dont les économies d’état providence ont démenti avec une régularité de métronome les promesses (de gascon) de vertu budgétaire faites à Maastricht, entraînant l’Euro (ce Sésame de la fuite en avant) dans un état de tension insupportable qui aiguise les appétits des prédateurs dont il devait nous prémunir.

La constance de la montée des extrêmes droites dans une Europe naïvement mondialisée et (décrétée par ses élites) multiculturelle, en réaction peut-être à une communautarisation croissante (liée à l’im-précautionneuse juxtaposition de cultures et de cultes qui ne parviennent pas à «prendre» les uns avec les autres) que l’Allemagne de madame Merkel tente de freiner en affirmant l’existence d’une «Leitkultur».

La constance (voire l’aggravation) du divorce des élites françaises avec les masses populaires, élites qui continuent de prôner les modèles d’état providence alors que le peuple sent confusément qu’on ne peut pas continuer à «tirer impunément sur la corde» et que la réforme des retraites (pour imparfaite qu’elle soit) n’en est pas moins une nécessité　; élites qui continuent de prôner un modèle culturel métissé et universalisé alors que les aspirations au «territoire» ne cessent de se multiplier (le succès des Chtis …)　; élites qui ne cessent de chanter les vertus de l’intégration républicaine en restant sourdes aux mouvements qui précisément la menacent　; élites prosternées devant les gourous de la vigilance mémorielle et égalitaire transformée par la permanence de ses injonctions en pensée unique …

Beaucoup de contance en somme.