L’exemple irlandais
L’endettement public n’est qu’un pis-aller, une manière de gagner du temps en feignant d’ignorer la gangrène qui s’installe. L’endettement ce n’est rien d’autre qu’un exercice d’ignorance ou de cécité vis-à-vis d’une situation de déséquilibre des ressources ne parvenant plus à couvrir le train de vie. En l’absence de ressources supplémentaires, la sagesse consisterait à réduire le train de vie. Et l’endettement, précisément, consiste à dire « nous verrons cela plus tard ».
C’est à cela que les économies européennes ont à faire face: une situation durable de déficit entre les ressources et le train de vie public, prolongée artificiellement par l’endettement.
Les fiers-à-bras s’en prennent à la finance internationale et aux banquiers qu’ils accusent volontiers de tous les maux. Mais il s’agit de leur part d’une posture, voire d’une imposture, où se mêle populisme et démagogie. La finance et les banquiers se sont bornés à se mettre au service des responsables politiques. Confortablement installés dans leurs mensonges et leurs omissions ces derniers n’ont songé qu’à solliciter des emprunts pour gagner du temps.
La vérité est beaucoup plus simple et triviale. Lorsqu’un pays et son opinion publique reconnaissent (même avec difficulté) leur propre responsabilité dans la spirale du déficit public et de l’endettement, alors ils trouvent aussi la voie de leur salut. L’exemple de l’Irlande doit nous éclairer à ce sujet. En 2010 l’Europe a volé au secours de son secteur bancaire pour 85 milliards d’€, en échange d’une cure d’austérité publique. Cette cure, l’Irlande et les Irlandais l’ont acceptée et mise en œuvre. Moins 15% sur les salaires dans la fonction publique. Deux points de plus sur la TVA. Des mesures très impopulaires en somme. J’imagine que cela ne fut pas sans mal. Mais force est de constater que l’esprit de sagesse l’a emporté sur la propension à l’indignation. Les résultats sont là : un reportage récent montre que l’activité irlandaise « repart», notamment dans le port de Dublin. J’imagine aussi que tout n’est pas rose et que les chemins vertueux sont étroits mais je garde la conviction que seuls les chemins étroits mènent au salut.