« L’humain d’abord, pas la finance »
Ces quelques mots ont été écrits à même le sol, sur le chemin qui mène à la bibliothèque où je vais chercher ma ration mensuelle de livres de prêt. Quoique tracées à la bombe de peinture, les lettres sont régulières. L’absence d’extravagance témoigne d’une émotion contenue voire maîtrisée. L’application dont le graphiste fit preuve est à l’image de sa conviction profonde, le « mal » pour lui vient de la finance, à n’en pas douter, laquelle a pris le pas sur « l’humain ». Choisir le pas de porte d’une bibliothèque de prêt, c’est un peu comme vouloir dire : « lasciate ogni speranza ... ». La finance est l'antichambre de l'enfer.
Ainsi ces quelques mots cheminent avec nous, en compagnie des livres qui reviennent puis de ceux qui sortent. Les livres, c’est de l’humain, aussi. Mais la finance, non, la finance n’est plus de l’humain, selon l’auteur du tag, pas seulement sans doute. La finance serait ce qui nie l’humain.
Pourtant sans la finance, point d’activité humaine. J’ai participé vendredi à une journée institutionnelle sur l’innovation où il fut déploré que les banques françaises, à l’inverse des banques allemandes, n’étaient pas assez à l’écoute des industries, où se créent les emplois, également nécessaires à l’humain.
Peut-être la finance est-elle devenue ce que l’humain en a fait, une activité inhumaine, ou plutôt, une activité humaine à l’image de la démesure, de l’immaturité, des contradictions humaines. A bien prendre les choses, la finance souffre peut-être d’être trop humaine et nous autres, humains, avec. L’humain est perfectible, la finance aussi, c’est à sa perfection et sa régulation que nous devons travailler. Car je n’ose imaginer « l’inhumain » qui nous adviendrait si nous nous avisions à faire rendre gorge à la finance.