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site de Roland Goeller
12 février 2012

la forme de l'outil (2)

A l'attention de mon ami Y.L.

Souvent, les pensées me viennent à l'occasion d'un mouvement (ce qui parfois me fait dire que toute pensée est physique voire charnelle). Ainsi donc, je faisais un dessin, un personnage féminin esquissé à grands traits de feutre. Le feutre me suis-je dit ne permet qu'une palette étroite de variations et de nuances. Il convient donc d'adapter la conception même du dessin en fonction de l'outil et de son potentiel, en l'occurrence le feutre. Outil certes grossier mais dont on peut tout de même tirer quelque chose.

La forme du dessin naît au contact du feutre et du papier. Il en va de même des formes qui surgissent sous le burin du sculpteur, sous le chalumeau du plombier, sous la machine-outil de l'ouvrier, voire sous les doigts du guitariste. Artistes, artisans et ouvriers ... façonnent la matière, la transforment, la font vibrer. Ils le font parce qu'ils ont acquis une maîtrise voire une excellence dans le maniement de l'outil (j'y englobe cet outil virtuel qu'est la plume du romancier ou du poète).

Les mécènes comprenaient cela, ils respectaient les maîtres de l'outil, renonçaient volontiers à leurs caprices face aux contraintes des maîtres d'oeuvre. Quant aux technocrates !

Dans le monde du travail, la définition de l'ouvrage appartient désormais à la puissance publique, laquelle mandate technocrates et gestionnaires. Les maîtres d'oeuvre n'interviennent que rarement à ce stade. Au plus sont-ils consultés. Mais la richesse de leur expertise et de leur connaissance de l'outil reste négligée: n'ayant pas la compétence pour s'entretenir avec eux, les gestionnaires renoncent à les solliciter. Quelques uns ont l'humilité de le reconnaître et donc apprennent. Beaucoup d'autres renoncent et ne font que passer, porteurs d'une mission dont ils ne mesureront pas les conséquences.

A quoi aurait ressemblé mon dessin, réalisé d'après les consignes d'un gestionnaire? Je ne fais pas commerce de mes dessins mais, le cas échéant, il serait important à mes yeux de garder la maîtrise de mes outils, de mes sujets, de mon rythme: le dialogue avec le commanditaire n'excédant pas les strictes finalités. Il me semble qu'aujourd'hui, il n'en va plus ainsi pour grand nombre de "lieux de création et de fabrication", désormais supervisés par des personnes qui n'ont pas les compétences nécessaires.  

Il me semble!

 

 

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Commentaires
Y
Il est évident pour moi depuis longtemps que tout art nécessite la maitrise parfaite de l'outil utilisé, de la langue à l'archet, du ciseau au pinceau. Il est facile de le vérifier en observant des artistes au travail.<br /> <br /> Mais comment appliquer ce principe aux grands ouvrages....d'art, comme la Tour Eiffel, pour commencer, les grands ponts, de Normandie, le Viaduc de Millau? La réponse était claire au temps d'Eiffel: la table à dessin, les calculs complexes. Les exécutants n'avaient qu'à suivre des plans parfaits.<br /> <br /> De nos jours, c'est la conception assistée par ordinateur qui a balayé les tables à dessin et les règles à calcul. Il faut aller chercher du côté des ingénieurs informaticiens, qui conçoivent et peaufinent les logiciels!
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