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site de Roland Goeller
14 mai 2012

La carmagnole de François

Le 6 mai dernier, François Hollande a été élu à la présidence de la république avec une courte majorité de voix. Il n’est pas encore en poste et déjà difficultés et problèmes s’accumulent, la réalité est têtue.

Les conseillers du nouveau président lui auront expliqué qu’il n’était pas opportun d’encadrer le prix de l’essence ni de plafonner les salaires des hauts patrons. Ils sont sans doute en train de lui expliquer d’autres choses du même tonneau. Quant à la chancelière, elle lui explique avec force qu’il ne saurait être question de financer de la croissance avec de nouvelles dettes, ni de retirer les forces armées d’Afghanistan avant l’échéance convenue sur le calendrier commun.

D’autres déconvenues l’attendent. Les événements s’accélèrent et je crains qu’il n’y ait pas d’état de grâce. Les événements s’accélèrent parce que la Grèce se rebiffe et s’effondre, parce que l’Allemagne commence à donner des signes d’essoufflement économique … Cela, aux yeux d’une majorité d’européens, signifie une exigence accrue de rigueur budgétaire. Il apparaît que les réformes entreprises par Nicolas Sarkozy ne suffisent pas (cela, nous le savions, mais la mandature n’a duré que 5 ans et l’hostilité soulevée par la réforme des retraites augurait très mal d’autres réformes de cette ampleur), il en faut d’autres désormais, et très vite. Si nous n’entreprenons rien, notre déficit budgétaire va s’aggraver et nous entrerons dans une spirale semblable à celle de la Grèce mais sans personne pour nous secourir. Il faut peut-être abroger les 35 heures, une seconde réforme des retraites …

Les conseillers du nouveau président lui expliqueront-ils cela ? Je crains qu’il ne les éconduise et se prévale de sa toute récente onction républicaine : le peuple souverain a tranché et je suis son élu !

Ce que François Hollande feindra d’oublier, c’est que le peuple l’a choisi, mais sur la foi de SON discours, de SES promesses. Le peuple est bon, il commence toujours par faire confiance, il juge aux actes, il regrette déjà Nicolas Sarkozy (n’avons-nous pas fait une grosse connerie le 6 mai, se dit-il dans les chaumières).

François Hollande est parti de loin, il a fait une traversée –mystique ? – du désert, il a parlé au peuple et le peuple l’a entendu. Mais a-t-il pour autant dit la vérité au peuple ?

Dans l’inconscient collectif du peuple il y a beaucoup de choses, il y a du bon sens, il y a du raisonnable, mais il y a aussi du déraisonnable, des aspirations, des passions.

François Hollande a parlé au peuple mais en a-t-il appelé à ses vertus, à ses forces raisonnables ? FH a choisi de parler au peuple en dénigrant systématiquement le bilan de son prédécesseur, il en a appelé à ce que j’appelle « l’esprit sans culottes » du peuple, son côté frondeur (qui s’est exprimé en 1871 lors de la Commune, en 1936 lors du Front Populaire, en 1968, en 1981 …). Ce côté frondeur a été offensé par le style de NS qu’il a rejeté, de peu certes. Mais ce calcul était-il bénéfique ?

Placé devant de nécessaires réformes, plus impopulaires que celles qu’entreprit NS, François Hollande en a appelé au côté frondeur du peuple alors que les circonstances nécessitent la mobilisation des forces laborieuses, celles-là même que NS avait mobilisées. Les circonstances (dramatiques de la situation économique) en appelaient à une continuité dans les réformes, mais François Hollande en a appelé à la fronde, aux barricades, à la carmagnole sur un air d’accordéon.

Au nom de quelle conviction ?

Un grand homme sait en appeler aux forces profondes mais sait aussi résister à leur obscurité. Le peuple de France a été désavoué dans sa mission d’universalisme par une globalisation (mondialisation) qui impose le règne du mercantilisme et du moins-disant. Le peuple en a gardé une amertume, quelque chose comme une soif de revanche. C’est peut-être à ce penchant que François Hollande s’est adressé, qu’il a flatté en lui donnant de (faux) espoirs.

Pour quelles raisons ? Les motivations personnelles du nouveau président lui appartiennent. En attendant je crains qu’une boîte de Pandore n’ait été ouverte et qu’un diable ne s’en soit échappé. Mais la réalité têtue finit toujours par défaire les impostures ? Prions le ciel qu’elle ne choisisse pas des voies tragiques ! 

 

 

 

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Commentaires
S
L'enthousiasme qui a porté Sarkozy en 2007 prenait ses forces dans l'inaction et les flops de Chirac et de ses gouvernements depuis 2002. Celui de 2012, moins puissant, plutôt fort des incompréhensions et des sacrifices découlant de la politique, proche de la rigueur, de Nicolas Sarkozy, a favorisé un candidat socialiste prudent et discret, auquel on ne peut rien reprocher. Rien, encore, ne peut être inscrit à son débit.<br /> <br /> Pour le moment, le peuple français est dans l'inquiétude, mais encore loin de la misère. Il se plaint plutôt de la Météo qui l'empêche de jouir des vacances et des ponts. L'argent des français est recyclé par les dépenses sociales. C'est bien parce que la machinerie fiscale peut démarrer au quart de tour dès que la politique la relancera, que la gauche prétend avoir une recette. C'est ce qui nous différencie de la Grèce. Les électeurs de François Hollande sont convaincus qu'ils n'en souffriront pas.<br /> <br /> Les lendemains qui déchantent, ça commence demain, justement. Et demain est un autre jour.
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