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site de Roland Goeller
18 mai 2012

Vous avez dit, un gouvernement du changement?

Le 17 mai, le premier ministre présente son nouveau gouvernement. Invité du JT, Jean-Marc Ayrault ne manque pas d’émotion ni, je crois, de sincérité. L’homme se présente en toute modestie. Il dit une chose qui me touche beaucoup, à savoir qu’on ne saurait faire de politique sans s’investir dans une ville, une municipalité, au plus près d’une région, dans la proximité du peuple dont il importe de « sentir » la respiration. Je crois JM Ayrault lorsqu’il nous dit que son parcours fut de labeur et d’immersion.

JM Ayrault dit encore être conscient de la tâche qui l’attend. L’est-il vraiment ? Je crains qu’il ne soit sous l’emprise d’un mélange d’euphorie (parfaitement compréhensible) et d’appréhension. La tâche est immense, certes mais est-elle conforme à ce qu’il imagine ? Je crois que sa prudence intègre déjà les signes prémonitoires d’une tâche bien différente de celle dont il a vanté les mérites pendant la campagne. J’ai vu un premier ministre conscient d’avoir quitté la cour de récré (où l’on peut dire tout et son contraire) pour entrer dans la salle de classe : les choses deviennent sérieuses, y sommes-nous préparés ? Je salue en tous cas ce que je crois deviner de lucidité dans sa prudence, très éloignée des emportements de tribun vindicatif lorsqu’il était dans l’opposition.

S’est-il entouré d’une équipe ministérielle à la hauteur de la tâche ? Il a sans doute « pioché » dans une liste de noms que lui a suggérée le Président. Celui-ci avait parlé de France rassemblée, de présidence de tous les français … Je ne vois hélas dans le nouveau gouvernement que des camarades de la promotion Voltaire de l’ENA et des personnalités de l’ « obédience Hollande ». Certes la parité est respectée, mais nous sommes là dans les symboles. Il n’y a pas d’aubrystes ni de mélanchonistes, pourtant solidaires du socle électoral. Je ne vois pas de centristes. Je ne vois pas de personnalité de droite. Seraient-elles toutes incompétentes ? Nicolas Sarkozy, lui, avait pratiqué l’ouverture en confiant des responsabilités à 4 personnalités de l’opposition (sic). Ce gouvernement (qui se veut de rassemblement) représente à peine 25% de l’électorat, alors même que la tâche qui l’attend suppose presque une union nationale. Un gouvernement aussi resserré est presque un gouvernement de défiance. JM Ayrault en est-il conscient ?

Les cordons de la bourse sont confiés au duo Moscovici-Cahuzac. Jérôme Cahuzac est un expert de la chose économique : souhaitons qu’il ait assez d’écoute pour être entendu lorsqu’il s’agira, à l’instar de Jacques Delors, d’expliquer que les mesures de redistribution sociale ne produisent pas les effets escomptés sur le déficit, sur la dette. La justice est confiée à madame Tobira, auteure d’une loi mémorielle qui porte son nom et dont j’ai déjà souligné les dangers (l’institutionnalisation de la mémoire paralyse la fluidité de l’histoire et de la pensée). Le « redressement productif » est confié à Arnaud Montebourg, dont les qualités de tribun ne parviennent pas à masquer les incohérences de son discours « démondialiste » : nous sommes d’accord avec lui pour dire que la mondialisation présente autant de menaces que d’opportunités, nous l’alertons en revanche sur le fait que vouloir s’isoler dans la mondialisation nous paraît aussi hasardeux que de vouloir sortir de l’euro.  Quant à N Valaud-Belkacem, j’ai encore en mémoire son ébahissement face aux drapeaux étrangers qui flottaient le soir du 6 mai à la Bastille : dans un pays où les tensions communautaristes s’exacerbent, il est crucial que la porte-parole du gouvernement délivre des messages de mesure et de retenue ; une fête républicaine n’est pas un match de foot.

JM Ayrault est-il conscient de tout cela ? A-t-il la poigne d’un François Fillon pour tenir ses troupes ? Des troupes plus nombreuses, avons-nous remarqué. 34 sièges au lieu de 22 précédemment. JM Ayrault s’enorgueillit de baisser de 30%  les salaires des ministres et secrétaires d’état mais leur nombre en annule l’effet. Ce gouvernement coûtera plus cher que le précédent tout comme le voyage en Falcon entre Brive et Paris a coûté plus cher que la soirée au Fouquet’s. Et derrière les symboles que manie JM Ayrault, se dessine une réalité de prodigalité, apparente malgré les efforts de la presse et des médias pour donner l’illusion d’une fourmilière qui se met en ordre de bataille.

Quant aux premières mesures gouvernementales, la revalorisation du SMIC (?) et de la rentrée scolaire n’est pas une mauvaise chose en soi. JM Ayrault nous assure qu’aucune mesure de justice sociale ne sera prise sans en avoir constitué au préalable la réserve budgétaire. Nous le prenons au mot.

Je voudrais ouvrir une parenthèse sémantique : ce gouvernement se présente comme celui de la justice dont il use et abuse du terme. Mais je crains qu’il n’y ait une confusion (malheureuse ou entretenue ?) entre justice, égalité et équité. Nous voulons tous la justice. Mais se présenter comme le champion de la justice présente son adversaire, implicitement, en champion de l’injustice. Confondre de surcroît la justice et l’égalité donne un signe négatif vis-à-vis du mérite et de l’entreprise : il convient de trouver une juste mesure entre l’égalité et l’équité. Trop d’égalité induit de l’inéquité, donc de l’injustice.

Mais la vraie justice est affaire de prospérité. La crise et les menaces n’ont pas accordé de trêve parce qu’en France s’installe un nouveau gouvernement. Tout près de chez nous la Grèce sombre et François Hollande est bien d’accord avec Angela Merkel (la chancelière bismakienne dont ironisait Arnaud Montebourg) pour dire qu’il ne faut pas laisser tomber la Grèce : cela impliquera un effort budgétaire accru. JM Ayrault l’a-t-il compris ? A-t-il compris que l’urgence, dans ce pays, n’est pas de baisser les salaires des ministres ou de donner l’illusion d’un activisme acharné, mais de continuer les réformes engagées par un certain … Nicolas Sarkozy, voire les intensifier ? Est-il bien entouré pour cette tâche ? Dispose-t-il de la base électorale adéquate ?

Il y a dans la promesse de changement de François Hollande quelque chose comme une posture !    

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Commentaires
C
Bonjour,<br /> <br /> Promotion Voltaire de l’ENA, certes…<br /> <br /> Mais Voltaire lui-même, qui était-il ?<br /> <br /> Je vous invite à partager ma surprise, en consultant, si vous le voulez bien :<br /> <br /> http://voltairecriminel.canalblog.com<br /> <br /> Très cordialement,<br /> <br /> Michel J. Cuny
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