Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
site de Roland Goeller
12 juin 2012

Félicitations, cher ami ...

Agathe a soigneusement préparé tous les courriers, les mêmes modèles qu’il y a cinq ans, le même texte en tous cas, seul le logo avait changé. « Je vous adresse mes plus vives félicitations pour votre élection … ». Le directeur avait spécifié, méfiez-vous, Agathe, en cas de réélection, vous changez la formule. Agathe avait tout vérifié, il n’y aurait pas d’erreur cette fois-ci. Pas de député réélu félicité pour une simple élection, pas de député jeune élu … Le directeur avait dit, mettez les lettres dans le parapheur, je les signerai en rentrant. Agathe attendit jusqu’à 19h30, après, cela lui posait des problèmes avec sa mère malade.

Le lendemain matin, elle voulut reprendre les lettres mais à sa grande surprise elles n’étaient pas signées. Quoi faire ? Le directeur avait dit qu’elles devaient partir aujourd’hui même. Il appela sur le coup de onze heures. Il avait sa voix de … péché, comme quand il est avec madame … Agathe, je n’ai pas eu le temps de passer au bureau … Agathe avalait ce genre de mensonges comme une couleuvre indigeste, mais cet homme si occupé avait droit aussi à ses … petites faiblesses. Agathe, vous voulez bien ajouter "cher ami" de votre plus belle écriture et apposer la signature enregistrée. Agathe acquiesça, que ne ferait-elle pas pour un homme aussi brillant.

Quelques temps plus tard, le député élu rencontra le directeur dans un cocktail. Ils ne se connaissaient pas vraiment, ils avaient bien une photo en tête, mais une photo n’est jamais qu’une photo, parfois la réalité est très différente. « Permettez-moi de vous présenter … » glissa une âme zélée à l’oreille du directeur. Le député et le directeur se congratulèrent comme deux légionnaires qui auraient traversé le même désert. Ils échangèrent quelques politesses, comme deux notables qui savent se tenir et qui se savent observés. Lorsqu’ils furent enfin seuls, le député, un bel homme il faut dire, baissa soudain la voix et glissa à l’oreille du directeur, je n’ai pas bien compris pourquoi vous avez écrit "chère amie" … 

Publicité
Publicité
Commentaires
site de Roland Goeller
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 232 402
Archives
Publicité