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site de Roland Goeller
26 août 2012

Les alibis de la profanitude

Les alibis de la profanitude

La Russie de Poutine avec la complicité du clergé orthodoxe, condamne trois artistes à deux ans de goulag, lit-on dans les meilleures pages de la presse française.

Nombre de lecteurs s’en tiendront à ce constat d’indignation et verseront une pièce de plus au dossier de Poutine le tyran. En grattant un peu, pourtant, les choses sont plus complexes. Elles le sont du reste presque toujours lorsque le compte-rendu est fait par les meilleures pages de la presse française.  

S’agissait-il d’une œuvre d’art digne d’un quatuor de Mozart ? En réalité, nos trois artistes, jeunes femmes de vingt à vingt-cinq ans, se sont produit dans la cathédrale de Moscou, dans une décence si compatible avec les lieux de culte que le clergé orthodoxe (qui pourtant en a vu des vertes et des pas mûres) a porté plainte. On apprend par la suite que nos trois artistes sont coutumières de provocations et de happening gore qui n’hésitent pas à mettre en scène des femmes enceintes. Elles savent aussi que l’on convoque aisément la presse occidentale en usant de fesse et de blasphème, comme on brandit la muleta devant le taureau.

Mais la presse de gauche française prend fait et cause pour elles. Elle se dresse en rempart des "cons révoltés" (c'est me semble-t-il la traduction de "pussy riot") en brandissant l'alibi de l'art dont le "tyran" Poutine limiterait la "divine expression". Elle s'était déjà pâmée devant l'urine d'un pisse-froid qui en Avignon avait trouvé "fun" d'y tremper un crucifix ou devant le seau d’excréments lancé sur une image du Christ de Mantegna dans une piève donnée au Rond-Point des Champszé.  

Depuis plus d’un siècle, le christianisme est devenu une religion totalement pacifique mais la gauche intellectuelle française aime à rappeler les heures sombres de l’inquisition révolue vieille de trois siècles. Elle s’est même vautrée devant quelques épisodes télévisuels comme on savoure le fond d’une bouteille de champagne.

Car la gauche intellectuelle française aime les combats héroïques avec prise de risques. Elle feint d’ignorer que le Christ a dit de tendre l’autre joue et elle s’apprête à défendre avec la même véhémence les « artistes » qui ont déposé des têtes de cochon devant des mosquées.

La gauche intellectuelle française s'indigne entre la Bastille et la République (pour l’heure elle est  réunie à la Rochelle et se congratule de tant de bonheur collectif et d’immobilité active) pendant que l'on tue à Damas et au Caire.

La gauche intellectuelle française est la digne héritière de ce Sartre, à qui fut confiée la garde d'un monument "libéré" en aout 44, et que Camus aurait réveillé de ces mots: " tu as placé ta chaise dans le sens de l'histoire"! Camus, vous savez, ce type infréquentable qui préfère sa mère à la justice !

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Commentaires
S
Je ne partage pas votre sévérité pour ces filles provocatrices, parce que ce qui est en jeu en Russie depuis quelques années, c'est l'arrêt d'une évolution vers plus de liberté, à l'image du monde libre, et un retour à un autoritarisme quasi stalinien, avec un cloisonnement strict de la société, une aristocratie politique, une bourgeoisie riche, un peuple pauvre et passif, tenu par l'église, et enfin, une petite classe formée par les intellectuels, que le pouvoir politique contiendra par une pression policière permanente, sans aller, en raison de la médiatisation internationale, jusqu'à une répression comme la fut celle pratiquée par la Russie Soviétique. L'Église Russe n'a jamais eu d'indépendance, et elle est maintenant flattée, protégée, et....utilisée, par Poutine.
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