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site de Roland Goeller
10 mars 2013

L'euro entre Merkel et Grillo

 

 

Des élections ont eu lieu en Italie et les résultats sont aujourd’hui connus et largement commentés. Le sympathique funambule Beppe Grillo s’est taillé la part du lion et rend aléatoire la constitution d’un gouvernement de stabilité.

Les politologues voient là le signe d’un rejet massif des politiciens corrompus et d’une politique d’austérité laquelle, malgré l’amorce d’un redressement, cloître la jeunesse italienne dans un chômage accablant et un désespoir profond.

En parallèle, de l’autre côté de l’Atlantique, les divergences profondes entre républicains et démocrates mettent les finances publiques américaines en situation de cessation de paiement et menacent les rémunérations des fonctionnaires que d’aucuns disent pléthoriques. Et cette crise budgétaire que l’on croyait improbable n’est pas sans jeter une lumière implacable sur nos propres mécanismes européens.

 

Les yeux tournés vers Rome

A-t-on prêté assez d’attention à la réaction allemande face au résultat du scrutin italien? Elle s’est exprimée en la personne du ministre des finances, M Schaüble, lequel ne cache pas ses craintes quant à une possible «  contagion ». Le terme relève d’une maladresse sémantique mais révèle une profonde perplexité. Maria Monti, le « candidat de la chancelière » a dépassé à peine les 10% et le camouflet qu’il reçoit laisse présager la fin de la politique de rigueur.

Car aujourd’hui l’avenir politique italien est fait de doutes et d’incertitudes : comment les forces politiques vont-elles se restructurer ? Comment traduiront-elles une légitime défiance et un légitime ras-le-bol en programme politique ? On sait qu’il y a toujours loin de la coupe aux lèvres, surtout en matière politique, où il s’agit de fédérer des forces toujours éparses. On sait qu’il suffit d’un jour pour détruire mais il en faut cent pour reconstruire et l’Italie est placée devant ce défi : transformer sa contestation en force de construction.

Il y a loin de la coupe aux lèvres mais à Rome, jamais la Roche Tarpéienne n’a été aussi proche du Capitole.1351825732_891ef3377a

 

 

Dettes et comptes publics

Le Royaume Uni a récemment envoyé des signes de scepticisme européen, il en appelle au renouveau d’une alliance atlantique à laquelle l’Allemagne n’est pas si insensible qu’on a bien voulu le prétendre à Bercy et à Matignon.

La Grèce semble en-deçà de tout remède.

L’Espagne est en convalescence incertaine.

Les politiques de désendettement s’accompagnent d’une rigueur que les populations acceptent de plus en plus difficilement. Le scrutin italien en est le dernier avatar.

Aussi l’Allemagne, banquier et leader politique européen, ne cache-t-elle plus ses doutes : si à présent l’Italie, 3ème puissance européenne, tombe dans une forme de cacophonie, il est à craindre que les politiques de rigueur et d’assainissement des comptes publics ne soient fortement compromises, de Lisbonne à Rome, en passant par Madrid et … peut-être même Paris.

 

Europe du Nord, Europe du Sud

Très clairement, la remise en question des politiques de rigueur apparait de plus en plus comme un refus du diktat allemand. La restriction de la dépense publique, dirait-on à Berlin.

La ligne de fracture que l’on devinait au sein de l’Europe montre un peu plus ses lézardes. D’un côté, des pays « aptes » à jouer le jeu de la mondialisation, à moderniser leurs appareils de production et leurs systèmes de péréquation sociale,  et de l’autre, des pays où se manifestent des réflexes protectionnistes de plus en plus en vifs. L’une des « étoiles » de B Grillo consiste à sortir l’Italie de l’€. Il est vrai que Grillo n’a pas expliqué à ses compatriotes quel en serait le coût exorbitant, mais peut-être n’en est-il pas conscient lui-même.

Il est probable que l’Allemagne soit désormais « très attentive » à l’évolution des politiques publiques dans les pays fortement endettés, lesquels sont aussi les pays de l’Europe du Sud. Car bien sûr, elle ne pourra continuer de régler, seule, « la facture » dans une zone € dont les populations ne veulent plus assumer le poids du redressement, et, sans savoir où elles veulent aller, ne veulent pas emboîter le pas à la trop rigoureuse Allemagne.

Aussi le semestre à venir sera-t-il déterminant. Les forces politiques antagonistes s’affrontent comme deux équipes basques de sokatira : d’un côté la rigueur qui précède le renouveau, de l’autre l’indignation qui caractérise le déclin. Entre Merkel la rigoriste et Grillo le populiste, qui voudra-t-on écouter ?

 

 

 

 

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