Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
site de Roland Goeller
30 août 2013

Un si bel été

 

504253676La canicule est arrivée, ponctuée d’orages aux allures de cataclysmes, tandis que des trains lancés à toute vitesse quittent leurs rails et que des avions conçus à toute épreuve manquent leur atterrissage. La technologie montre ses limites, dit-on, mais la technologie n’est qu’obéissante. Les cours de justice, lesquelles ne sont que des instruments de recherche de responsabilité, trouveront bien un lampiste coupable d’un moment de distraction ou trop rapidement mis aux commandes d’un zinc. Diront-elles, ces cours, que si les technologies sont sans limites, l’homme a gardé les siennes. Il est le même ou presque depuis Neandertal, et le smartphone qu’il approche régulièrement de son oreille lui indique quelle direction prendre au prochain carrefour mais ne le renseigne pas sur le fauve tapis dans la jungle. Neandertal au moins avait son flair et son instinct. Il était attentif aux signes de Gaïa. En Gaule, il craignait que le ciel ne lui tombe sur la tête, terreur qu’il apaisait à force de ripaille et de cervoise. Généreuse, Gaïa pourtant multiplie les signes : le nuage d’Eyjaffjöll en Islande, les tsunamis de Sumatra et de Fukushima, les crues centenaires, le lent grignotage du trait de côte atlantique. Neandertal aurait dit, préparons-nous, les eaux menacent !

Mais après deux mois de pluie, juillet puis aout nous ont fait l’hommage d’un si bel été, comme un arbre qui cache la forêt. En mai, le président pluvieux obtint de l’Europe un sursis : l’Europe fermerait les yeux sur un dépassement budgétaire des 3% en échange d’un programme de réformes. Le président pavoisa : dans son homélie du 14 juillet, il se voulait rassurant, le pays est en bonne voie et les premières mesures portent leurs fruits. Las, l’extraordinaire tour de vis fiscal ne donne qu’un rendement médiocre, les dépenses de l’état continuent de croître face à des recettes devenues faméliques. Les soldes d’été sont un fiasco et le tourisme piétine. Le taux du livret A recule de 0,5 point, tandis que le tarif de l’électricité augmente de 5. Sur les plages, les français achètent un sandwich et regardent les tablées de touristes étrangers auprès de qui leurs fils prennent les commandes. Le chômage ne cesse de croître. La croissance ne décollera pas de 0% en dépit du ministre qui n’économise pas les incantations. Les mesures de compétitivité prônées par Louis Gallois ont été égarées dans un tiroir, de même que le dernier rapport de la Cour des Comptes, implacable et lucide comme les précédents. Le socialisme n’a cure des cassandres et des augures.

Le socialisme œuvre à l’avènement d’un homme nouveau. Un homme libéré des atavismes. Qu’un enfant réussisse à l’école parce que son environnement familial s’y prêtre est tout simplement insupportable, c’est une insulte pour ceux qui échouent parce qu’ils n’ont pas eu les mêmes chances au départ. Du reste, proclament les fredons (cf Rabelais : fols, fredons et farfadets), si la société connaît ce niveau de délabrement, c’est à cause des inégalités qu’il faut réduire coûte que coûte. Les hommes naissent libres et égaux, et généreusement pourvus en droits. Droit à l’emploi sous formes d’emplois d’avenir, lesquels n’ont d’avenir que leur nom. Droit au logement, quitte à réquisitionner le foncier public. Sully, Colbert, Turgot, Guizot, Thiers … prétendaient que les droits résultent du labeur et de la prospérité. Le socialisme prétend l’inverse. 

Droit aux orientations sexuelles, lesquelles quittent la sphère privée pour se réfugier sous l’œil de l’institution. Droit à l’enfant, qu’il soit issu de procréation naturelle ou assistée. Il faut en finir une bonne fois avec les déterminismes naturels : l’homme est libre surtout vis-à-vis de la nature dont il dispose à son gré. Foin des lignées et des génomes, l’homme autoproclamé souverain issu de la Révolution s’invente lui-même, sui generis et deus ex machina, l’embryon n’est qu’un matériau humain désormais livré à toutes les expérimentations, au nom de la science et du progrès.Le socialisme aime le progrès, dû-t-il conduire à la géhenne ou au goulag. Le socialisme aime l’homme, théorique, idéal pourvu d’horizons lointains, à l’instar de Lénine qui disait du haut des marches du palais de St-Petersbourg : « laissez-moi vingt ans ! ». Le socialisme pluvieux n’aura pas besoin de vingt ans.   

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
site de Roland Goeller
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 232 496
Archives
Publicité