Punir la Syrie!

Décidément, l’opinion publique occidentale, notamment française, est la plus formidable caisse de résonnance médiatique que l’on puisse imaginer. De surcroît elle fonctionne sans tamis ni crible, amplifiant indifféremment mensonges ou vérités, manipulations ou faits. Ainsi lui parviennent les témoignages  et reportages sur l’usage d’armes chimiques en Syrie et déjà le chœur des orfraies bat le rappel de la prochaine croisade, moins ému par le récit des exactions commises que par la crainte qu’on le soupçonnât d’un déficit d’indignation. Il avait pris acte des dizaines de milliers de victimes de ce qu’il faut bien appeler une guerre civile, où tant d’intérêts étrangers ne cessent de souffler sur ses braises, fournissant argument et armes. Mais des victimes par armes chimiques, NON! Nous vivants, disent les orfraies, jamais ! Il faut « punir » ce régime félon par des mesures « appropriées » !

Et aussitôt le Charles de Gaulle appareille, cherchant une place parmi l’armada de l’Oncle Sam. L’opération est une question de jours, ne cesse d’ânonner la presse française à longueur de flash, tandis que les inspecteurs de l’ONU éprouvent les pires difficultés à démêler le vrai du faux. A l’heure qu’il est, ils ne disposent que d’une certitude : des rames chimiques ont été utilisées, mais par qui ? Par Bachar, souffle le chœur à la vox populi, laquelle n’en est pas à une approximation près. Pour autant, ne défendons pas Bachar: le souverain baasiste a les mains couvertes de sang, mais il n’est pas le seul. Mais dans ce conflit, on a trop voulu lire un affrontement des bons contre les méchants, et le fait de crier « vive la liberté » n’a jamais été un gage de bonne foi !

Aussi, qui pensons-nous « punir » par des frappes « appropriées » ? Nous aurons l’air de petites frappes ayant dégainé l’artillerie lourde. Quel sera notre crédit lorsque, dans quelques mois, nous voudrons conduire les négociations en champions de la paix ? Toute cette histoire ressemble furieusement à la croisade de l’Irak. Or, les armes de destruction massive de Saddam, nous les cherchons aujourd’hui encore. En attendant, l’Irak est retourné dans un Moyen Age d’attentats et d’affrontements à dominantes religieuse voire ethnique, et la communauté chrétienne est réduite à peau de chagrin. Mais qu’importent ces considérations à une opinion publique occidentale pétrie d’images insoutenables ! Au nom des droits de l'homme, « Punissons ! ».