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site de Roland Goeller
2 septembre 2014

Le dilemme présidentiel

 

hamlet

A défaut d’être quotidienne comme aux temps de l’Agora athénienne, la démocratie comporte des rendez-vous emblématiques, au cours desquels toutes les pensées et arrière-pensées, discussions et débats, hésitations et atermoiements, se cristallisent en un instant solennel, un instant de vérité « les yeux dans les yeux ». Aux Etats-Unis, tous les quatre ans, un homme pose sa main sur la Bible et fait allégeance. En France, les « instants de vérité » interviennent tous les cinq ans, espacés par ce qu’on appelle désormais un quinquennat. Le dernier instant eut lieu le 12 mai 2012, plus précisément le 30 avril qui précéda. C’était au Bourget et celui qui allait devenir l’actuel président a regardé les français les yeux dans les yeux. Moi, président ! Nombre d’électeurs indécis ont mis un terme à leurs doutes ce jour-là. Un pacte de confiance s’est alors noué entre un peuple et un homme, manifesté le soir du 12 mai. Deux ans plus tard, par la confirmation du pacte de responsabilité – quoique ce pacte en lui-même aille dans le bon sens, celui des réformes nécessaires au pays – le pacte de confiance est rompu, trahi. Et cette trahison, aujourd’hui patente, ne saurait rester lettre morte.

Jusqu’au 27 aout dernier, en ce qui concerne les mauvais résultats de la maison France, les français avaient la possibilité d’invoquer l’incompétence du président, ses atermoiements, son entourage, ses coalitions, ses velléités, la conjoncture, le contexte international, les rigueurs allemandes … En donnant blanc-seing au gouvernement Valls II –lequel soutient un discours programmatique démocrate-libéral, peu différent de celui de l’ex-président Sarkozy – en changeant si résolument de cap, l’actuel président commet une trahison majeure, celle du pacte de confiance du 30 avril 2012. Cette trahison prend des allures shakespeariennes dont la folie d’Hamlet pourrait être une illustration : Claudius assassine le vieux roi, père de Hamlet, et prend sa place. Et le président Hollande, de qui est-il l’assassin ? Le peuple dont il a reçu le serment et renié la parole ?

Dans la tragédie de Shakespeare, l’usurpateur finit assassiné, ce qui place le président Hollande-Claudius devant un dilemme terrible. Car nul ne saurait croire que le peuple trahi accepte de se terrer dans une apathie providentielle. Il y avait une vérité dans le pacte de confiance, et cette vérité, trahie, réclamera tôt ou tard justice. J'en veux pour preuve les accents de sincérité parmi les soi-disant frondeurs, même si ces accents ne sont pas dépourvus de marxisme et d’anticapitalisme – les deux marottes historiques de la gauche française – mais au moins ils disent ce qu’ils pensent et pensent ce qu’ils disent !

Nul ne peut dire sous quelle forme cette justice- immanente – s’exercera. Et si elle ne trouve pas une forme institutionnelle, elle prendra des chemins de traverse. Louis XVI a été rattrapé par l’histoire à Varennes. Où et de quelles façons François Hollande sera-t-il sommé de s’expliquer sur sa trahison ? D’où le dilemme qui l'attend, sans peut-être qu'il en ait déjà conscience! Attendre que vienne l’instant de vérité en cherchant à gagner du temps. Ou s’expliquer devant le peuple en anticipant des élections présidentielles. Dans la première alternative, il tente de se sauver lui-même en sacrifiant la fonction sacrée qu’il avait juré d’incarner. Dans la seconde, il sauve la fonction présidentielle en confessant publiquement ne pas avoir été en mesure de la porter. Les mois et les semaines à venir risquent de nous réserver bien des surprises!

 

 

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