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site de Roland Goeller
29 mars 2016

Le jour où l'Alsace est devenue "française"!

 

article actualisé mars 2018

Que mes compatriotes - alsaciens - à qui la lecture de ce titre aura provoqué une petite montée d'adrénaline, se rassurent, l'Alsace n'est ni plus ni moins française qu'hier, n'en déplaise au gouvernement jacobin qui administre les affaires du pays avec le sérieux que l'on sait et s'autorise à regrouper les régions dans le respect désinvolte de leur identité ! Que mes compatriotes se rassurent, l'Alsace n'en est pas plus française depuis la création de l'ALCA (Aujourd'hui : Grand Est). Elle sonnera toujours bon son Elsass tel un Seitel qu'un Wirt débonnaire pose sur le coin du zinc en débitant un Witz généreux comme un faux-col. Et pourtant, aussi paradoxal que cela paraisse, il fut un jour où l'Alsace est devenue française !

Il fallut que nos aïeux soient fort occupés, à cueillir les fleurs de houblon, Hopfetzopfe, ou à fendre le bois pour l'hiver à venir, Holzspalte, pour ne pas se rendre compte de ce qui se tramait alors dans les coulisses parisiennes. Du reste, tout ce qui se passe à Paris, en réalité, se trame toujours dans les coulisses. C'était en 1871. Non pas en 1919, lorsque le traité de Versailles disposa de nos aïeux comme d'une mauvaise main à la belotte. Non pas en 1648, lorsque le traité de Westphalie intervint (dans le Saint Empire exsangue après une tragique guerre de Trente ans) et laissa choir une grande partie de l'Alsace (Sundgau ...) dans l'escarcelle française innocemment tendue par un Mazarin matois. Non pas, non pas... mais en 1871.

Le Second Empire français est alors acculé à la défaite par le Second Empire allemand. Assiégés respectivement à Sedan et Metz. Napoléon III et Bazaine capitulent, tandis que Paris s'apprête à soutenir le siège prussien et que, à l'inverse, les provinces veulent en finir avec la guerre.  Adolphe Thiers est désigné comme chef du gourvenement de la IIIème République. La paix est ratifiée, le 10 mai 1871, par le traité de Francfort. La France perd l'Alsace-Moselle mais conserve le territoire de Belfort, elle est de surcroît assignée à une indemnité de guerre de cinq milliards de francs or. Malgré l'opposition de Bismarck, une clause du traité permet aux Alsaciens-Mosellans de conserver la nationalité française s'ils le désirent.

Le choix leur en est laissé jusqu'en septembre 1872, date à laquelle, sur une population alsacienne de quelques 1,5 million de personnes, seuls 50 000 choisiront l'exil français. D'autres sources avancent des chiffres plus élevés, mais il est peu probable qu'en dehors des élites francophiles (le maire de Strasbourg, Emile Kuss, aurait succombé à une crise cardiaque en apprenant la cession du territoire), beaucoup d'Alsaciens-Mosellans, ruraux et germanophones, (attachés à leur territoire, quel que soit l'étendard qui en revendiquât la possession) prissent le chemin de l'exil. En revanche, ceux qui le prirent se montrèrent dès lors très actifs et un tantinet revanchards.

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La propagande francophile façonna peu à peu le regard que jetèrent les milieux parisiens sur l'Alsace-Moselle annexée (Bismarck quant à lui avait parlé du retour de la province au sein de l'empire). Notre-Dame de Strasbourg devint le symbole de la liberté outragée, et l'Alsace-Moselle l'enjeu d'une croisade de la liberté et l'un des motifs de l'esprit revanchard. L'école alsacienne est fondée à Paris en 1874 par d'anciens élèves du lycée protestant Jean Sturm. La choucroute, pourtant communément répandue dans toute l'Europe centrale, devint (par l'effet du Saint esprit français) le plat de référence alsacien, tandis que le dessinateur Jean-Jacques Waltz (Hansi) multipliait les aquarelles où les Allemands étaient présentés comme d'indésirables Teutons malfaisants. Jusqu'à Leclerc lequel, bon élève de l'école de la République, jura (serment de Koufra) qu'il ne déposerait pas les armes avant que le drapeau français ne flottât à nouveau au sommet de la cathédrale de Strasbourg.

La réalité, on s'en doute, est beaucoup plus complexe.

En 1648, Mazarin n'était pas habité par toutes ces arrières-pensées. En fin politique, il lui importait avant tout d'affaiblir le Saint Empire et l'Espagne où régnaient les Habsbourg. Après le traité de Westphalie et jusqu'à l'avènement de Napoléon, la plupart des Alsaciens s'exprimaient en allemand, avec l'assentiment des Bourbons qui n'y voyaient nulle offense. L'allemand était alors une langue du Royaume de France. Ce n'est qu'à partir de 1871 que le destin des Alsaciens-Mosellans devint réellement un enjeu républicain, national et nationaliste.

Bismarck certes eut la même attitude bravache, mais c'est avec le jacobinisme français que l'Alsace-Moselle d'aujourd'hui a maille à partir. L'ancien élève de l'école de la république, Manuel Valls, n'eut aucun état d'âme quant à l'inscription de l'Alsace dans un grand continuum indéfinissable nommé ALCA (Grand Est). Pour lui l'Alsace était irrémédiablement française, pourquoi se gêner ! Manuel Valls ne s'est pas géné, l'Assemblée non plus. Les Alsaciens en furent sonnés, ils ne pensèrent pas que la République oserait. La République a osé, elle n'en est plus à une absence de vergogne près. Tous oublièrent cependant que la flèche de Notre-Dame de Strasbourg (s'Munster) est de facture résolument allemande et qu'à son ombre est en train de croître une grande clameur qui ne s'éteindra pas de sitôt. 

 

 

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Commentaires
J
L’Alsace re-peinturlurée en tricolore depuis la Libération, ripolinée en bleu-blanc-rouge, la belle affaire ! « Française pour toujours... », l'Alsace française de l'après-guerre ne manquait pas de zélateurs tout dévoués à sa cause, ni de sentinelles vigilantes, prêtes à sonner l'alarme dès le moindre dérapage. Que d’énormités, d’oublis, de mensonges ou de contre-vérités n’a-t-on entendus ou écrits, distillés sur cette période un peu trouble de la Libération et de l’après-guerre, sur ce difficile « retour » de l’Alsace à la France, comme le constate – vu de Pologne - Julia Wilczynska, dans sa thèse de doctorat. En novembre 1944, et dans les mois qui ont suivi, l’Alsace s’est souvent rachetée une virginité, une bonne conscience à vil prix, on est devenu parfois plus ultra-français, plus Hourrah Franzosen, que Le Pen et Mélenchon réunis, tu meurs ! C’est dire… Alors que les ‘’Français de l’Intérieur’’, en guise d’accusé de réception, nous prennent quant à eux, toujours pour des Boches.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais que l’on ne s’y méprenne pas : il ne s’agit pas dans les lignes qui suivent, de réécrire l’Histoire, en mauvais coucheur autonomiste, mais de mettre en lumière des faits et des événements, des motivations et des engagements, des insinuations, des oublis involontaires ou volontaires, des arrière-pensées que l’on a parfois mis sous le boisseau, voire occultés au nom de l’historiquement correct. Il ne s’agit pas d’un pamphlet négationniste ou révisionniste, je ne me prends ni pour Faurisson, ni pour le « beauf au front de taureau » un peu décati du FN, mais comme dirait Robert Ménard, je m’identifie en toute modestie, à un « reporter touche à tout », un Rouletabille alsacien en colère !<br /> <br /> JOSE MEIDINGER in "Un Alsacien en colère" chez Do Bentzinger
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