Sadiq Kahn, nouveau maire de londres
La plus grande ville d'Europe est aux mains d'un maire, musulman, fils d'un chauffeur de taxi immigré pakistanais, lit-on à l'envi, dans toute la presse et à la une de toutes les chaînes d'information en continu, tétanisées par une feinte surprise.
Toutes?
Encore une fois, nos habitudes nombrilistes et notre peu d'appétence pour les langues étrangères nous empêchent de consulter ce qui se dit, ailleurs, hors de l'hexagone. Car il n'y a que chez nous, dans notre carré gaulois, que l'on met autant en avant l'origine du nouveau maire, plutôt que son programme et ses compétences (programme dont, du reste, elle ne nous a que très chichement rendu compte). L'antiracisme hexagonal pourtant ne cesse de prôner une société multiculturelle où la question des origines est de peu d'importance.
En insistant autant sur le caractère musulman, immigré, la presse feint de dénoncer le supposé racisme dont souffri(rait) la société française; racisme que, soit-dit en passant, elle continue d'alimenter à grandes charettes de gros titres. Mais qui plus est, elle se plait aussi à souligner l'origine du challenger malheureux du nouveau maire: fils de bonne famille qui a fait ses études à Eton, école qui est à Albion ce que Normale Sup est à la Gaule.
A l'ère et à l'aire du multiculturalisme universel (ce qui est un oxymore), nos bons leaders d'opinion patentés et subventionnés suggéreraient-ils qu'une prime soit accordée à l'étranger par rapport à l'autochtone? Si Churchill revenait, lui, le fils de bonne famille, il n'aurait qu'à bien se tenir! A moins que la presse française ne soit plus soucieuse d'audimat que d'information!
Pour en revenir aux faits, monsieur Sadiq Kahn n'est peut-être qu'un individu talentueux, qui s'est fait à la force du poignet (self-made-man), et dont il n'est qu'accessoire de savoir qu'il est musulman descendant d'immigré pakistanais. Cela dit, le caractère musulman du nouveau maire n'est pas sans poser question, surtout dans le contexte de tension communautariste actuel qui sévit en Europe, mais cela ne justifie en rien les postures pyromanes de la presse française.
Wait and see, donc!