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site de Roland Goeller
10 mars 2017

Topologie d'une élection à haut risque

 

421

Cinq principaux candidats pour le premier tour, deux seulement pour le second et comment lire l'offre électorale? La dichotomie droite-gauche convient-elle encore? L'émergeance d'un centre de synthèse répond-il à un réel déplacement des forces politiques ou s'agit-il d'un artefact destiné à égarer le discernement? Cette élection est atypique à plus d'un titre, notamment par les leurres et faux-fuyants qu'elle fait apparaître. Comment se déterminer sans jouer au "421"?

Et tout d'abord quels sont les défis auxquels la France est confrontée? Ils sont de deux sortes à notre sens. La place de notre pays dans le leadership européen et sa compétitivité, d'une part. Sa propre perception en tant que nation et peuple d'autre part.

Le leadersheap européen suppose une France respectueuse de ses engagements (Maastricht), soucieuse de ses équilibres budgétaires et du recul de sa dette. Ce renouveau économique passe notamment par la compétitivité de son économie et de ses entreprises dans un monde globalisé et concurrentiel et, corollaire, la réduction des dépenses publiques. D'autres cependant n'estiment pas cela prioritaire et envisagent des mesures de protection qui restreignent la liberté d'entreprendre. D'autres encore envisagent de se retirer purement et simplement du projet européen.

Disons des premiers qu'ils sont libéraux (au sens de Tocqueville) et des seconds qu'ils sont dirigistes (ainsi qu'ont pu l'être les planificateurs bolchéviques).    

Quant à la question de la nation et du peuple, les uns pensent que la question appartient au passé et les autres qu'il ne saurait y avoir d'avenir sans passé, c'est-à dire sans restauration de l'idée de peuple et de nation. Appelons progressistes les premiers (en ce qu'ils sont disposés à toutes les expérimentations sociétales) et conservateurs les seconds (en ce qu'ils restent attachés aux structures séculaires, école, famille, état, corps intermédiaires, histoire, religions ...). Les progressistes disent, ouvrons les frontières on verra après. Les conservateurs ne sont pas opposés à l'ouverture des frontières mais disent, réfléchissons. Ces derniers du reste abordent la menace islamiste non comme un trouble à l'ordre public mais comme un danger pour la cohésion de la nation et du peuple. Disons encore que les progressistes n'hésitent pas à changer les choses sans se soucier des conséquences, alors que les conservateurs ne changent les choses qu'après examen des conséquences possibles, ce qui fait qu'ils les changent rarement. Les progressistes traitent alors les conservateurs de réactionnaires et ils ont parfois raison, tandis que les conservateurs traitent les progressistes d'utopistes, ce qu'ils sont bien souvent.

La position des cinq candidats sur une échelle allant de la gauche vers la droite en passant par un centre hypothétique est-elle encore pertinente? Nous observons que les camps, de droite et de gauche, sont eux-mêmes soumis à des forces antagonistes qui les divisent. Ainsi trouvons-nous des progressistes-dirigistes, des progressistes-libéraux des conservateurs-dirigistes et des conservateurs-libéraux.

Comment dès lors se répartissent les uns et les autres sur cette grille à 4 positions?

JLM et Benoît Hamon sont à l'évidence progressistes et dirigistes. La lutte contre les discriminations restent leur vecteur sociétal et l'un et l'autre nourrissent des projets qui induisent un sucroît de dépenses publiques dont les recettes correspondantes restent floues. Etat-providence, droit des minorités et contrôle accru sur les entreprises. Le redressement promis reste cependant très incantatoire!

E Macron formule un programme économique plutôt libéral. Il entend respecter la parole européenne et oeuvrer dans le sens du redressement des finances publiques. Cependant ses prises de position sur la culture et le colonialisme le situent d'emblée parmi les progressistes pour qui: "il n'y a pas de culture française à proprement dite mais de la culture en France", et "le colonialisme est un crime contre l'humanité!". Le globalisme, l'ubérisation et la repentance d'E Macron laissent craindre le pire pour l'idée même de peuple et de nation.  En ralliant Macron, Bayrou quant à lui se positionne en progressiste ce qu'il n'est pas. 

MLP ne cède pas à cette sirène en ce qu'elle porte un discours très "France", trop sans doute. Elle aussi est conservatrice. En économie en revanche elle se montre anti-européenne et isolationniste. Elle n'envisage pas la mondialisation  comme un challenge mais comme un danger contre lequel il faut dresser un mur.  A l'évidence elle est dirigiste et à plus d'un titre rejoint JLM dans ses options.

Quant aux consevateurs libéraux, il leur reste François Fillon.

Seulement François Fillon.

 

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