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site de Roland Goeller
19 mai 2017

L'évangile selon Saint-Barnabé

Les preuves fatiguent la vérité (César, sculpteur)

 

St-Barnabe

Deux documentaires diffusés récemment par la chaîne RMC m'ont interpellé.

Le premier est consacré à un évangile apocryphe (non reconnu par le canon catholique et romain), celui de St-Barnabé. Le texte est présenté comme étant d'inspiration islamique, car, suppose l'auteur du documentaire, il remet en cause la réalité de la mort et de la résurrection de Jésus, c'est à dire rien moins que le dogme de la Trinité sur lequel la Chrétienté romaine prétend reposer. Le second présente un fragment de papyrus copte qui rapporte(rait) des propos où le Jésus de la chrétienté romaine (un Jésus nimbé d'un céleste célibat) ferait allusion à une femme qui aurait été la sienne.

Dans chaque cas, le Vatican réfute l'authenticité (il ne peut faire moins) des documents présentés tandis que les chercheurs multiplient les expertises pour en attester la recevabilité. Et les auteurs des documentaires livrent à tout bout de champ des commentaires faussement ingénus qui laissent entendre que, si les preuves étaient avérées, alors tout l'édifice de la Chrétienté vacillerait!

Ni experts, ni scientifiques ni commentateurs n'en viennent cependant à douter de leur propre incongruïté. Car il n'est pas illégitime de se poser la question suivante : quand bien même les documents seraient authentiques, en quoi cela menacerait-il la Chrétienté ? En d'autres termes, la Chrétienté, deux mille ans de Chrétienté, reposeraient-ils seulement sur des faits historiques que des expertises et des recherches pourraient remettre en cause à l'aide de pièces archéaologiques ?

Définir la consistance d'une religion en terme de preuves révèle peut-être une profonde méconnaissance de ce qu'est le fait religieux et, pourquoi pas, une certaine arrogance. Dans le Christianisme, il n'est écrit nulle part que le Christ soit ressuscité. Il est écrit en revanche (cf les évangiles, canoniques et apocryphes) que des témoins se sont approchés du tombeau qu'ils ont trouvé vide, la pierre déplacée. Les évangélistes en ont conclu que les témoins ont cru et, à ce point précis du texte, nous quittons le récit historique pour entrer dans celui de la prière et de la foi.

Dans une religion, la foi est implicite, c'est peut-être d'elle dont il est le moins question, au détriment des articles de foi, lesquels servent à définir des hiérarchies, des rituels, des rites, des territoires de pouvoir temporel. Une religion a besoin de théologiens peut-être et plus encore que de mystiques (lesquels ont la vertu et le défaut de faire des expériences ineffables mais peu propices aux articles de foi).

Une religion ne dépérit nullement parce que des scientifiques ont mis à jour des éléments historiques qui entrent en contradiction avec ses articles de foi. La foi chrétienne ne sera en rien ébranlée par les révélations d'un évangile apocryphe ou d'un fragment copte. Une religion en revanche entre en déclin lorsque ses fidèles se croient suffisamment éclairés pour se dispenser de croire !   

 

 

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