L'ineffable
Le microcosme sémantique est à l'image du macrocosme galactique. L'essentiel de la matière de l'univers est invisible, inatteignable. La voute céleste, le ciel, l'univers... sont remplis de trous noirs de haute densité d'où nulle lumière ne s'échappe. Il en va de même de notre langage, l'essentiel de ce qu'il y a à dire reste indicible, ineffable (sacré ?). Le langage est un filet à grosse maille qui ne parvient à capter que les choses les plus évidentes, immédiates. Le réel sensible lui échappe tel du sable entre des doigts disjoints.
Le premier romantisme allemand, celui du Sturm und Drang, celui du premier Goethe, de Lenz... avait perçu l'incapacité de tout médium à appréhender le réel dans sa forme originelle et primitive. Il en a conçu une esthétique qui refusait la plupart des oeuvres d'art, et auquel le second romantisme, plus pragmatique, a heureusement mis un terme.
De ce qu'il y a à dire, nous ne dirons jamais qu'une toute petite partie, ou alors une parabole, un poème.