Petites désinvoltures ferroviaires
Désormais, dans la voiture bar des TGV, apparait une affiche, clients prioritaires, devant laquelle, parfois, se présente un jeune homme pressé qui vient emporter sa commande réservée sur smartphone. Pratique, futé, ingénieux, diront d'aucuns. Cependant, dans la vraie vie, celle des jambes lourdes et des gouttes de sueur, ce jeune homme, un brin désinvolte, double une longue file d'autres clients, non prioritaires, dont certains attendent depuis vingt bonnes minutes. Le barman s'incline devant le Sésame et prie les clients non prioritaires, parmi lesquels des personnes âgées, quelque peu médusées, peu adeptes du smartphone et de tous ces services aux téléchargements aléatoires, de bien vouloir l'excuser. Quoique désinvolte et parfois un brin hirsute, le client prioritaire a, ni plus ni moins, utilisé un service électronique dont l'usage le rend prioritaire. Les organisations ferroviaires présentent cela comme un plus, un progrès. Cependant, n'en déplaise, toute priorité accordée à quelqu'un s'exerce aux dépens de quelqu'un d'autre. Et consentir au fait que des jeunes gens passent devant des aînés pour éviter une file d'attente, c'est les habituer à brûler les politesses et à commettre, sans vergogne, toutes sortes d'autres inconvenances. Le service du client est parfois un dangereux alibi.