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site de Roland Goeller
10 janvier 2020

"Que vienne enfin la pluie", nouvelle publiée revue Traversier n°32

traversier 32-2019

 

Titre: QUE VIENNE ENFIN LA PLUIE

Thème : Et après ?

Un extrait : 

C’est arrivé, c’est quand même arrivé, et toutes les années depuis, un peu plus tôt chaque fois. Les regards se tournent vers les collines, inquiets, même quand il n’y a rien, les conversations finissent toujours sur le même sujet, quand le vent tourne c’est mauvais signe, et les migrateurs sont passés de bonne heure, et ne pleurons pas avant d’avoir été battus. La météo est devenue l’horloge des heures et des jours. Le climat est détraqué, il l’est, l’activité humaine en est la cause, une jeune fille à tresses et convictions chevillées au corps ne cesse de le marteler. Sa jeune innocence force toutes les portes que l’impuissance avait déjà privées de leurs verrous. Lui, ne sait pas, il est homme de science, il fait des recherches, il se documente, tout le monde ne dit pas la même chose, même si. Quand les éléments se détraquent, les esprits vacillent, s’affolent, cherchent à quoi se raccrocher, cherchent des coupables, des boucs-émissaires et, quand ils n’en trouvent pas, s’en prennent à eux-mêmes, se flagellent, remisent leurs diesels mais continuent de polluer à l’essence, se donnent rendez-vous pour des marches en faveur du climat avec des smartphones branchés sur des réseaux avides d’énergie, ils ne savent pas, ils ne savent donc rien… 

            Depuis longtemps déjà, les affaires dans la maison sont rangées. Elles le sont par ordre croissant de nécessité, disposées dans l’une des chambres, la maison est assez grande, même si. Hormis les étagères, la chambre est dépourvue de mobilier, à quoi servirait-il, s’il faut fuir, il encombrerait. Mais fuir où, telle est la question. Fuir comment en est une autre. Dans le garage sont entreposés plusieurs jerrycan d’essence qu’il suffit de charger, mais cela suppose que les routes soient praticables. A côté du pick-up attend un vélo aux pneumatiques increvables. Le moment venu, il n’y aura pas beaucoup de temps pour décider, pick-up ou vélo ou rien du tout. Sur les berges du lac sont amarrées des barques cadenassées, chacun la sienne, il n’y a jamais eu autant de barques, entretenues, surveillées, avitaillées. Il est possible que le jour et l’heure échappent à l’attention générale. A la moindre alerte, les autorités diffusent des messages d’évacuation auxquels plus personne ne se conforme. Où aller ? Où fuir ? A proximité du lac, au moins, il y a de l’eau...

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