Patriarcat
Il y avait déjà quelqu'un, ce dimanche matin, dans la laverie automatique lorsque j'y suis entré. Un homme, trente-cinq ans, qui consultait son smartphone en attendant la fin du cycle de sa machine. J'ai commencé à faire attention à lui lorsqu'il a entrepris d'extraire son linge du gros tambour de la sécheuse, machinalement, parce cette opération lui a demandé beaucoup de temps. Je n'ai pu m'empêcher de le voir plier, avec un soin touchant, parfois maladroit, touchant parce que maladroit, un monceau de vêtements d'adultes et d'enfants. Il y en avait assez pour remplir trois grandes poches plastiques. J'avais par ailleurs à l'esprit quelque harangue féministe conspuant le patriarcat du vieux mâle blanc, une harangue comme il s'en déclame aujourd'hui presque à chaque coin de rue, et je me suis dit, tiens, j'ai trouvé un contre-exemple, dussé-je commettre cette erreur de logique consistant à déduire une généralité d'un cas particulier. Au lieu de jouer au foot ou de faire du vélo, cet homme s'est consacré au soin du linge produit par sa famille en une semaine et je veux croire que tous les hommes blancs ne sont pas d'affreux machos prédestinés au patriarcat hégémonique. Diantre !