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site de Roland Goeller
12 août 2021

La donna è mobile...

La Seebühne de Bregenz nous offre un Rigoletto qui ne manque ni de prestige, ni de verve, ni de virtuosité. Un bel hommage à Guiseppe Verdi ! La mise en scène est confiée à Philippe Stölzl lequel installe la scène… sur l’eau. Celle-ci consiste en trois gigantesques plateaux circulaires portant, l’un une main en bois articulée, d’empan de 5 mètres, avec une montgolfière, l’autre une main de même facture servant tantôt de taverne, tantôt de maison, et, au milieu, le troisième avec une tête de clown de 10 bons mètres de diamètre, aux grands yeux hilares qui se déplacent en fonction des mouvements des personnages. Le fol Rigoletto (interprété par le convaincant Scott Hendricks) s’amuse des frasques libertines de son maître, le duc de Mantoue (interprété par le virtuose Pavel Valuzhin) mais, tel l’arroseur arrosé, devient le témoin de l’enlèvement de sa propre fille, Gilda (interprétée par la sublime Stacey Alleaume), par le duc qui se fait passer pour un autre. Ulcéré, Rigoletto commandite son assassinat mais, par un enchainement de quiproquos, le spadassin tue Gilda. Le drame se noue en trois actes. Au fur et à mesure, la tête en bois hilare perd ses yeux, ses dents, son nez, pour finir par prendre l’apparence d’un crâne en larmes. Le garibaldien Verdi compose Rigoletto sur un livret de Francesco Piave, inspiré, dit-on, du Roi s’amuse de Victor Hugo. Ce qu’on ne dit pas en revanche, c’est que Hugo a très certainement lu l’Emilia Galotti de Lessing ! La cour du duc a des allures très circassiennes avec ses hommes de main grimés en gorilles et ses courtisanes aux seins multiples. Stacey Alleaume nous offre de prodigieuses envolées lyriques tandis que le duc s’amuse en chantant La donna è mobile, et que Rigoletto sombre dans sa tragédie. La mise en scène est expressionniste, à l’unisson du paysage grandiose du Bodensee. Quelques huit mille personnes – mélomanes – sont accourues sur les gradins du théâtre lacustre, ils en ont eu pour leur argent. Tout avait l’air simple, de cette simplicité qui est la marque d’un grand art ! Quel était le dessein de Verdi ? En ce siècle de révolutions, il était de bon ton de brocarder la monarchie, coupable aux yeux des républicains de tous les maux de l’ancien régime. Mais le compositeur italien ne voulait-il pas dire quelque chose à propos des femmes ? La donna è mobile…  

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