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site de Roland Goeller
18 septembre 2022

Insoutenable barbarie

soldats russes en ukraine

Les témoignages se multiplient. Les faits sont déjà anciens, les premiers remontent aux débuts de l’invasion de l’Ukraine en février, d’abord sporadiques puis récurrents, systématiques. Je dois à André Markowicz et à ses chroniques, notamment, d’en avoir pris conscience, à la fois de leur réalité et de leur caractère systématique. Les sources pourtant ne sont pas certaines, elles ne le sont jamais lorsque les bourreaux prennent soin de ne pas laisser de témoin, et les bourreaux prennent toujours ce soin. Mais parfois quelqu’un a vu quelque chose et se met à raconter. Il n’est pas cru mais d’autres, aussi, ont vu les mêmes choses. Puis on découvre, enterrés à la hâte, des corps qui présentent les sévices que les témoins ont décrit. Les enquêtes sont diligentées, des organismes internationaux envoient des émissaires. Les faits sont déjà anciens. Ils ne sont pas divers, comme on a voulu le croire ici et là, ils sont systématiques, je ne trouve pas d’autre adjectif. Je ne vais ni les lister ni les énumérer, leur seule évocation inspire l’horreur et chacun pourra s’en faire une idée à travers les sources du net. D’aucuns les présentent comme répondant à un projet pensé, organisé, encouragé. Je crains que la réalité ne soit pire encore et je voudrais en formuler l’hypothèse. Je me rappelle certain reportage – Envoyé Spécial du temps de sa grandeur ? – fait au sein de l’armée russe. C’était aux temps de la Perestroïka. On y voyait de jeunes conscrits soumis aux pires humiliations de la part de leurs supérieurs. On y voyait des jeunes gens effrayés par ce qui les attendait. On y voyait des mères effondrées par le suicide ou la mort accidentelle de leurs fils. Et je ne peux m’empêcher de faire un lien entre ces cruautés ordinaires et celles, plus grandes, qui, actuellement, se donnent libre cours en Ukraine. On dit l’armée russe faiblement encadrée, dépourvue de sous-officiers qui tiennent les troupes. À quoi se livrent dès lors ces jeunes soldats, élevés dans l’humiliation et livrés à eux-mêmes ? Ils n’agissent pas sur ordre. Sans doute leurs supérieurs savent-ils à quoi ils se livrent, mais ils regardent ailleurs en haussant les épaules. Les exactions ne sont que les dégâts collatéraux d’une armée à laquelle on a appris à cacher ses guenilles derrière des paravents Potemkine, une armée à laquelle manquent des armes, de la logistique et, last but not least, la dignité, mais qui n’en sait pas moins parader le 1e mai ! Les supérieurs savent que les chiens lâchés s’en prennent à tout ce qui bouge, et ils sont coupables de les lâcher, de feindre d’ignorer qu’ils ont transformé des jeunes gens, à l’origine pas plus mauvais que d’autres, en chiens enragés. On m’objectera, c’est dans la nature humaine, homo homini lupus est[1] ! Certes, je n’en disconviens pas. Seuls les naïfs et les cyniques continuent de défendre les thèses rousseauistes. Aussi est-ce de la responsabilité des états et de la puissance publique de se rendre maître de la violence privée ! Cette responsabilité aurait-elle failli en Russie plus qu’ailleurs ? Que s’est-il donc passé en Russie pour que la faillite y soit aussi éclatante et la barbarie aussi affleurante, guère moins barbare que celle des Huns qui déferlèrent sur la Rome impériale ? Vous dites qu’en 1917… Les bolchéviques auraient assassiné le tsar et décapité toute l’aristocratie ! Celle-ci avait essayé – dans des conditions plus difficiles certes, avec moins de réussite qu’en Occident – d’élever le peuple ! Et ensuite la dictature du prolétariat ! Mais quis custodiet ispos custodes[2] ? Vous pensez que le mal vient de là ? En avez-vous des preuves ? En tous cas, le mal est là, et il a semé des cadavres mutilés dans les riches plaines d’Ukraine ! 



[1] L’homme est un loup pour l’homme. Hobbes

[2] Qui garde les gardiens ? Juvénal

 

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