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site de Roland Goeller
3 avril 2024

Naufrage

Une élève entre au Lycée Maurice Ravel (Paris XXe) en bravant l’interdiction du port du voile. Le proviseur intervient, use de son autorité, met l’élève en demeure. L’élève n’obtempère pas et porte plainte sur la foi d’une accusation frauduleuse. En parallèle, elle mobilise les RS et le proviseur (qu’il en soit préservé !) se voit menacé de mort. L’importance de la menace, le soutien apporté par une partie du corps enseignant de l’établissement à l’élève et, peut-être, la tiédeur du soutien de la hiérarchie conduisent le proviseur à présenter, à trois mois de sa retraite, sa démission. Dans une conférence de presse, la ministre de l’EN, flanquée d’un staff conséquent, déclare que cette démission intervient pour « convenances personnelles ». Sur le velours de l’estrade, loin du terrain, la ministre rappelle à force voix les principes intangibles de la république et que, désormais, « le pas de vague, ça suffit ! » L’an dernier, le futur premier ministre déclarait déjà qu’on allait voir ce qu’on allait voir. Tous les ténors d’en-haut sonnent les trompettes de l’indignation et rappellent les vertus de la laïcité, sésame de la république. La communication tente de sauver les apparences, la ministre estime avoir fait son job, la parole d’une élève est traitée sur le même pied que celle d’un proviseur, un proviseur voulant faire respecter la loi se voit déjuger en faveur de l’élève qui a bravé celle-ci, qui plus est, pris à partie par une armée de l’ombre, le Président de la République distribue des distinctions honorifiques en outre-mer, la république capitule en rase campagne et son l’école prend l’eau comme jamais mais je ne lis aucun commentaire d’indignation sur les murs des écrivains qui figurent dans mes contacts. Sont-ils en vacances, l’affaire est-elle passée sous leurs radars ? Lorsque se délite l’institution-phare par laquelle se transmettent la culture et les savoirs, l’institution sacrée garante de la continuité, tous ceux qui prennent la plume au nom de l’imaginaire devraient avoir les tripes remuées et s’emparer de cette question brûlante. J’hésite entre ces deux apophtegmes : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les conséquences dont ils chérissent les causes[1] » et « Le mal ne prospère que par l’indifférence des gens de bien[2]. »  

 

[1] Nicolas Chamfort

[2] Edmund Burke

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