Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
site de Roland Goeller
12 septembre 2017

Du haut du pont Lénine, à Bègles,

begles_gare

là où, de nuit, commence la grande lumière du sud-ouest *, j'observe la petite gare nichée en contrebas. Un TER s'y arrête. En descendent quelques voyageurs qui se hâtent. Le TER repart en direction de Langon ou Marmande. Le suivant passera dans 45 minutes. La métropole bordelaise pousse ses tentacules de ville millionnaire, mais seuls quelques rares trains desservent les petites villes alentour, Libourne, Lesparre, Bergerac, Langon ... A peine plus qu'il y a vingt ans ! Les infrastructures ferroviaires, vieilles d'un siècle, ne l'auraient pas permis. Les petites villes s'effondrent sur elles-mêmes, reliées à la métropole par des cordons ombilicaux chétifs. Leur sort est régulièrement évoqué dans les grandes assemblées territoriales où la condescendance est de mise. Leurs habitants prennent majoritairement la voiture, faute de transports en commun efficaces. Une troisième voie ferroviaire avait été réclamée à corps et à cris sur l'itinéraire Bordeaux-Langon. Elle aurait permis d'augmenter la cadence des TER, peut-être aussi leur régularité ! Les instances chargées du bien public ferroviaire ont dit, bien sûr ! L'opération aurait coûté quelques centaines de millions d'euros. Jouable ! Par la suite, les instances ont dit, on va le faire avec le TGV Bordeaux-Toulouse, ce qui était une façon de dire, pour avoir la troisième voie, il faudra bien que vous vouliez aussi le TGV. Pas fou ! Puis il y eut le TGV Tours-Bordeaux, la grosse affaire ! Monsieur de La Fontaine se serait régalé à écrire un remake de certaine fable. A l'inauguration, en juillet dernier, le président Macron lui-même a laissé entendre, bon, maintenant, on va calmer le jeu. Calmer le jeu, cela veut dire, le Bordeaux-Toulouse repoussé aux calendres grecques. Non que les Girondins veulent absolument de ce TGV mais en militant pour lui, ils espéraient avoir leur troisième voie. Ils en sont pour leurs frais. Un TGV passe le long de la gare de Bègles, il ne s'arrête pas. Le Pont Lénine est généreux, il enjambe six voies ferrées dont seules trois servent. Mais pour leur troisième voie, celle qui leur permettrait d'éviter les bouchons du matin et ceux du soir, les habitants de Villenave, Cadaujac, St-Médard, Beautiran... jusqu'à Langon devront patienter encore quelques lustres !


* nom et signifiant de la fresque lumineuse inscrite dans le garde-fou du pont. Financée par l'opération Tramway de la métropole, sur le 1% consacré au mécénat d'art. Des riverains, sceptiques, continuent de regarder la fresque d'un air dubitatif.

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Nous sommes bien d'accord, le paradigme des transports reste très largement jacobin, au détriment de la desserte de proximité des métropoles régionales!
Répondre
É
Les transports ferroviaires régionaux sont depuis plusieurs décennies les victimes de la mobilisation des dépenses d'investissement en faveur de la création des lignes à grande vitesse, au détriment de ceux destinés à la modernisation et à l'accroissement des capacités des infrastructures classiques.<br /> <br /> En outre, les TGV roulant sur celles-ci ne s'arrêtent guère dans les gares régionales, leur vocation étant de concurrencer l'avion et la voiture sur longue distance.<br /> <br /> En conséquence, les niveaux de l'offre et de la qualité des services TER sont incapables de répondre aux besoins de déplacement régionaux.<br /> <br /> La politique suivie par les pouvoirs publics et par l'entreprise publique ferroviaire en matière d'infrastructure est une aberration sur les plans économique, écologique et social.
Répondre
V
Lorsqu'on écrit comme vous, cette affaire de train semble presque comique et pourtant elle est triste pour ceux qui se satisferaient d'un TER. Moi, Alsacien, je ne peux oublier que nous avons attendu la ligne Paris-Strasbourg à grande vitesse pendant des années et, en fin de compte, nous l'avons largement payée. Il parait qu'elle serait déficitaire; cependant, elle relie Paris à Berlin. Bref, cette LGV est européenne et a vocation d'être l'épine dorsale de l'Union européenne. Aujourd'hui, elle met déjà Strasbourg à 1 h 50 de Paris (de centre ville à centre ville). Avoir un grand élu dans sa poche ou un technicien puissant dans nos projets, cela peut toujours servir !
Répondre
site de Roland Goeller
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 232 521
Archives
Publicité