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site de Roland Goeller
24 juin 2010

Défaite des Bleus, imposture des idoles

Les faits sont accablants, on ne peut guère tricher avec eux ni étendre les bras pour en masquer l’infamie. La horde de joueurs et de managers qui, sous les couleurs de la France, a fait le voyage de l’Afrique du Sud pour participer à la coupe du monde de football en est revenue, vaincue et honteuse, deux matchs nuls, une défaite et surtout marquée d'une incommensurable bouffonnerie.

Bouffonnerie parce que, pris un à un, les joueurs sont des athlètes accomplis, aux qualités tacticiennes et au sens du jeu avéré, mais leur juxtaposition au sein d’une équipe, loin de stimuler leurs personnalités, en a réduit la portée. L’ensemble valait moins que la somme des individus.

Bouffonnerie parce que les petits réglages de vestiaire ont été si laborieux que des éclats s’en sont échappés, produisant un incroyable buzz.

Bouffonnerie parce que ces mêmes éclats nous ont appris que le vocabulaire de base du management de l’équipe consiste en noms d’oiseaux et autres expressions du même acabit.

Bouffonnerie parce que les innombrables déclarations publiques donnaient le pitoyable spectacle d’élèves en cours de rattrapage, incapables de sortir du syndrome de la première personne du singulier et du présent de l’indicatif.

Bouffonnerie parce que ce sont les cancres qui ont accaparé la parole, au détriment des bons élèves, cois et intimidés, voire menacés, à l’image du reste de ce que sont devenues les écoles de la République.

Bouffonnerie parce que leurs protestations de bonne foi résonnaient comme des cloches fêlées ou des contritions de multirécidivistes.

Bouffonnerie parce que les personnes qui s’exprimaient gagnent en un mois ce qu’un smicard ne gagnera jamais en toute une vie.

Bouffonnerie parce que nombreux furent ceux  qui attendaient la coupe du monde comme une rédemption de leurs mornes existences et parce que immense fut leur déception.

Bouffonnerie parce que ces 23 joueurs, surpayés et sans doute surcotés, représentaient autre chose que la somme de leurs kilos de muscles (et de neurones ?), quelque chose qui a un rapport avec les couleurs du maillot sur leurs épaules et, surtout, avec l’imaginaire collectif d’un pays (ou de ce qu’il en reste), un imaginaire que maints commentateurs audacieux ont décrit en 98 comme étant le paradigme black-blanc-beur.

Bouffonnerie parce que ce paradigme vient de recevoir un démenti, peut-être accidentel, mais que la résonance du buzz rend cinglant.

Bouffonnerie parce qu’il reste des commentateurs qui (feignant d’ignorer qu’ailleurs c’est pareil sans que cela empêche de fonctionner) persistent à invoquer les excuses de l’argent corrupteur et de la moralité déficiente, refusant par là de se pencher sur les véritables raisons de la défaite, à savoir cette absence d’âme laquelle, seule, permet la transfiguration d’une équipe (en rendant sa valeur supérieure à la somme de celles des individus qui la composent).

Alors, défaite des Bleus, certes, mais surtout imposture des idoles lesquelles révèlent leur vrai visage et s’effondrent, telles la statue de Nabuchodonosor aux pieds d’argile.   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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