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site de Roland Goeller
18 avril 2012

François Hollande, candidat des revendications

 

En apparence, peu de chose distingue les deux programmes. Nicolas Sarkozy table sur une croissance de 2% en 2016, François Hollande sur une croissance de 2,5%. NS situe le point d’équilibre budgétaire en 2016 tandis que FH le situe en 2017. Ces deux repères permettent de fixer les idées. L’un et l’autre des 2 principaux candidats à l’élection présidentielle 2012 font des promesses sensiblement équivalentes. Faussement naïfs ou opportunément manipulateurs, certains journalistes tentent d’accréditer la thèse de cette équivalence. Blanc bonnet ou bonnet blanc. En réalité, rien n’est moins vrai.

Très souvent - presque toujours - il est de bon conseil de confronter les représentations proposées par la sphère médiatique aux réalités du territoire que nous connaissons directement et physiquement, le territoire que nous arpentons quotidiennement pour aller au marché, pour acheter notre journal ou tout simplement pour nous dégourdir les jambes. Les réalités politiques s’y déploient de façon plus sensible. Que lisons-nous ? Sur telle affiche encore humide de colle, on peut lire « interdiction des licenciements », ailleurs : « de l’argent il y en a, prenons le où il est » et encore : « les services publics à nouveau gratuits », « le SMIC à 1700 € » …

Tous ces slogans expriment une attente, un espoir, une colère, une soif de justice …, dont la légitimité n’est pas en cause. Il y a, en ce pays, des situations de misère et de détresse auxquelles il appartient à la politique de remédier, mais pas n’importe comment.

Car il y a loin de la coupe aux lèvres et il y a loin du monde idéal au monde réel. Au soir du premier tour des élections, probablement, les forces politiques qui se sont exprimées à travers Jean-Luc Mélenchon, Nathalie Artaud, Eva Joly ou Philippe Poutou se reporteront sur François Hollande, récipiendaire implicite de toutes les attentes. Or on n’obtient pas une chose en forçant le destin. En affichant une cible réaliste mais en restant délibérément flou quant aux chemins pour y parvenir, François Hollande ouvre la porte à toutes les revendications, lesquelles se rassembleront sous sa bannière. S’il parvient au pouvoir, François Hollande ne pourra rester sourd à la puissance de cette clameur et sera contraint d’accorder a priori des subventions, des postes, des budgets dont aucune politique n’aura permis de rassembler les ressources. Cette distribution, a priori acquise, pèse déjà sur les comptes futurs de la France et oblitère – considérablement – la promesse de croissance et de sortie de crise. Pour l’exemple : si les créanciers de la France ne perçoivent pas les signes de retour à l’équilibre budgétaire, ils augmenteront les taux d’intérêt des emprunts que notre train de vie nous contraindra de contracter, et les montants dépensés en intérêts manqueront à la réalisation de la croissance promise.

Face à François Hollande, Nicolas Sarkozy présente une promesse sensiblement équivalente mais il tient à ce que nul n’ignore les efforts qui nous attendent. Il y a encore loin de la coupe aux lèvres et NS le dit, il appelle à se ranger sous sa bannière mais en connaissance de cause. Sans doute aimerait-il lui aussi remonter le SMIC à 1700 € mais il sait qu’en le remontant tout de suite, le SMIC dégringolera d’autant plus haut et que les conditions pour le remonter ne seront pas réunies de sitôt. Il y a là des postures de bon sens sur lesquelles il conviendrait de s’accorder. Or en arpentant mon territoire, j’ai cherché les affiches revendiquant des économies budgétaires, des intercommunalités moins nombreuses et plus efficaces, la diminution des dépenses de l’état, l’adaptation progressive de l’âge de la retraite à l’espérance de vie pour garantir les régimes de retraite par répartition, l’augmentation de compétitivité des entreprises, … Je n’ai en ai hélas pas trouvées. Au lieu de cela, les murs de ma ville sont placardés de toutes les revendications possibles et imaginables, des revendications répétons-le qui ne manquent pas de légitimité, mais qui ne posent pas la question des économies préalables nécessaires.

François Hollande dit qu’il veut conduire la France vers l’équilibre. Cependant il appelle sous sa bannière tant de revendications que les gens qui les portent seront fondés à lui en réclamer le tribut et à éloigner d’autant la France de la promesse faite par leur candidat. 

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Commentaires
S
Nulle part, les revendications outrancières de l'extrême gauche ne dépassent 5 à 10 % au total. Plus habile, plus cohérent, et séducteur par son éloquence, Mélenchon fera pour sa part plus de 10% à lui tout seul (quand on pense que le PCF faisait jusqu'à 25%!). La vraie crise profite à la haine entre français, c'est sûr.<br /> <br /> Si Hollande gagne, lui et ses troupes ne résisteront pas à l'économie "de classe"(la leur) et Keynésienne, dans ce qu'elle a de pire. <br /> <br /> Si c'est Sarkozy qui l'emporte, d'extrême justesse, il aura du mal à tenir une opposition radicalisée.<br /> <br /> La France est réellement ingouvernable.
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