La question du bilinguisme en Alsace
Cette question m'interpelle depuis de nombreuses années déjà, étant moi-même alsacien d'origine résidant en "France de l'intérieur". Il semblerait en effet qu'en Alsace, l'enseignement de l'allemand ait reculé et qu'il y ait moins de germanophones qu'à l'époque où je fus lycéen (c'était au siècle dernier!). En parallèle, un important courant "régionaliste" milite pour la résurgence de l'alsacien comme langue, au point que certains collèges, confrontés à l'alternative, choisissent l'alsacien en lieu et place de l'allemand. Les raisons de ces choix me paraissent obscures, ancrées dans une histoire elle-même obscure et ambivalente: d'avoir été si souvent (et si inélégamment) ballottés entre les deux blocs, les alsaciens sans doute veulent à tous prix se démarquer des uns et des autres. Cette aspiration est légitime mais elle conduit à des choix linguistiques discutables. Combien, au mieux, d'alsaciens parviendront-ils à parler alsacien? Moins d'un million? Un nombre à mon sens insuffisant pour constituer une masse critique semblable à celle du Pays Basque ou de la Catalogne! Quant aux alsaciens, alsaçophones mais pas germanophones, ils éprouvent des difficultés grandissantes dans les flux d'emplois outre-Rhin, comme du reste cet interview tend à le montrer. Quant à moi-même, je fais usage du français dans mes activités d'écrivain et, pour ceux des thèmes pour lesquels une langue alémanique me parait plus appropriée, je fais usage de l'allemand et non de l'alsacien. Quant aux conversations avec mon père et ma mère, elles se tiendront toujours en alsacien, il ne saurait en être autrement. Aussi, j'invite très solennellement mes compatriotes et leaders d'opinions alsaciens à revoir leurs positions quant au bilinguisme: celui-ci à mes yeux n'a de sens que dans le bipôle français-allemand! L'alsacien a tout à gagner dans la pratique de la langue-mère! (ihr Bursche', hört was einer vom Innen Frankrich eij sagt!)