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site de Roland Goeller
26 mars 2010

La belle concorde populaire

Dimanche dernier eut lieu le 2ème tour des élections régionales. Les listes rose-vert-rouge ont remporté toutes les régions métropolitaines sauf une. Victoire toute relative cependant, car un électeur sur deux (ou presque) s’est abstenu de voter.

Quoique ces élections concernent un champ de compétences régionales, l’interdépendance des politiques publiques (nationales d’une part, locales d’autre part) leur donne nécessairement un retentissement national. C’est du reste sur ce terrain que se sont s’exprimés les vainqueurs du 2ème tour. Et de mettre en épingle le camouflet, le désaveu des politiques publiques conduites par l’équipe gouvernementale en place. Ces régionales sanctionnent Sarko, se plait-on à dire. Les listes vert-rose-rouge s’en attribuent le mérite et chantent victoire. Sont-elles fondées à le faire ? Rien n’est moins sûr.

Certes elles auront réussi à donner une expression au mécontentement, aux revendications et à l’impatience du peuple, elles auront contribué au désaveu, elles seront parvenues à lister ces grandes finalités et objectifs avec lesquels, mon Dieu, on ne peut être que d’accord, la fin des discriminations, l’égalité, un logement pour tous, l’apaisement dans les banlieues ...

Et après ?

Au-delà des professions de foi, quelles sont les contre-propositions, quels sont les programmes alternatifs de gouvernement, serait-on tenté de demander. Car toutes les questions restent ouvertes et tous les problèmes, lancinants. Les comptes de l’assurance retraite sont au rouge. Le déficit des comptes publics et la dette nationale explosent. Les emplois industriels continuent de se détruire. Pour toutes ces questions qu’entend-on dans les rangs des vainqueurs du 2ème tour ? Passée à la trappe l’inévitable politique d’austérité que nous impose notre situation macro-économique (proche de celle de la Grèce), rayée d’un revers de main la réforme des retraites. Et, bien sûr, la suppression du paquet fiscal, présenté comme responsable de tous les maux. Quant au reste, il suffit d’y croire, ah ça ira, ça ira, ça ira … In fine la belle énergie que les vainqueurs du 2ème tour auront mise pour construire une politique alternative est inversement proportionnelle à celle qu’ils ont déployés pour ruiner les efforts de leurs adversaires. 

Ces accents incantatoires ont un goût de victoire à la Pyrrhus. Qui chante l’écrasement de l’adversaire mais ne se préoccupe pas de transformer les forces de résistance en autant de principes d’action. Qui feint de convertir le difficile exercice de long terme que sont les politiques publiques en une succession de scènes de liesse sans lien les unes avec les autres. A écouter les vainqueurs du 2ème tour, on croirait que la politique consiste désormais à réussir la prochaine fête de la musique, et après on verra, l’essentiel étant d’entretenir l’esprit de fête dont l’effet (magique) permettra à tous les lendemains de chanter.  

Alors, à tout bien prendre, la victoire du 2ème tour ne se résume-t-elle pas simplement à une belle et éphémère concorde populaire, quelque chose comme le calme qui précède la tempête ?

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