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site de Roland Goeller
10 juin 2020

Héritiers

lares

Notre malheur vient de ceci : nous sommes des héritiers mais nous l’ignorons. Pire, nous professons vouloir l'ignorer, ne pas en tenir compte. Nous sommes héritiers d’un patrimoine que nous déclarons nul et non avenu, hommes nouveaux dans l’âme de qui peut se greffer n’importe quel nouveau courant de vie, comme un fleuve que l'on détournerait  de son cours. Notre âme cependant continue à vivre tant bien que mal avec le patrimoine que notre esprit n’honore plus. Que nous le voulions ou non, nous sommes les descendants de ceux qui nous ont précédés mais ces derniers avaient un destin. Ils se concevaient comme portefaix d’un héritage légué par leurs pères et remis à leurs propres fils, avec le souci de n’en rien laisser se perdre. Nous, en revanche, estimons qu’il n’y a rien à transmettre, quelques politesses, quelques humanités, rien qui vaille de se mettre en frais. Mais en refusant de reconnaître cet héritage qui nous vient de nos plus lointains aïeux, nous renonçons aussi à l’idée de destin. Nous nous consumons dans notre jouissance et consommons jusqu’à notre patrimoine. Après nous, il ne restera pas grand-chose à transmettre. 

Les hommes privés de destin sont effrayés par la mort, ils n’ont plus le secours de penser qu'il restera quelque chose d'eux, après la mort. Le confinement s’explique en partie par la conscience de l’absence de destin. Nous sauver à tous prix, quitte à vivre dans la tétanie ! 

Les Romains de la République avaient un destin.

Illustration: Dieu lare dans la Rome antique

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