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site de Roland Goeller
9 janvier 2021

Le vrai et le vraisemblable

matrix

Il est possible aujourd’hui de faire en sorte qu’une réalité ait l’apparence d’une illusion et qu’une mise en scène ait celle d’une réalité. Dans le cas d’une réalité, d’un événement réel, il suffit de ne pas lui donner d’écho, de l’exclure des sommaires et des unes des médias. Ainsi l’événement -réel- ne sera connu que d’un très petit nombre de personnes lesquelles se verront très rapidement suspectées de divagation voire de complotisme si elles commettent l’imprudence d’en parler. A l’inverse, une mise en scène peut bénéficier aujourd’hui à la fois de considérables moyens matériels et logistiques pour en accréditer le caractère vraisemblable au plus près, mais aussi d’une innombrable duplication médiatique au point de convaincre un grand nombre de personnes de sa réalité. Il suffit alors que le nombre dépasse un seuil critique minimal pour que la réalité soit attestée et tenue pour vraie. Ceux qui continuent de douter seront considérés comme dissidents voire complotistes. Il est à remarquer que, à l’instar des rêves dans lesquels les personnages rêvent, l’artefact de complotisme se prête lui aussi à des mises en scène, au point que le doute se voit lui aussi gangréné par le doute et que l’incertitude s’épaississe. Le paradigme serait inoffensif si les organes médiatiques capables d’interposer de tels écrans entre le réel et sa perception étaient manipulés par des personnes ou des groupes mus par le seul souci de l’objectivité et de la vérité. Là encore, hélas, le concept de vérité a fait l’objet de tant d’approches sophistiques que le vrai peut être à la fois le réel et ce qu’on en croit, et il n’est pas impossible que la dissertation que vous êtes en train de lire ne s’inscrive dans cette nébuleuse. En poussant le paradigme dans ses prolongements, on peut imaginer que de grandes masses humaines, fatiguées de confinement, se réfugient dans de grandes salles de cinéma où elles s’allongeraient, les yeux tétanisés par des projections stroboscopiques, tandis que des cathéters instilleraient, dans leurs veines, les substances nécessaires pour leur donner l’illusion de la réalité des images qu’ils sont en train de voir. Cette pensée me plonge à mon tour dans un profond désarroi, notamment de faire le constat de vivre parmi des « hommes sans dieu », ainsi que le prédisait Ö von Horvath, incapables de mettre en place les garde-fous spirituels, ou de conserver ceux dont ils disposaient, pour se préserver d’errements de cette nature ! 

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