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site de Roland Goeller
12 janvier 2021

Une "grande affaire familiale"

otium romain

La littérature est un champ de l’imaginaire et si, comme le dit fort justement John Cowper Powis, elle se veut le « journal de bord de la race humaine depuis l’origine des temps » elle n’en est pas pour autant le réceptacle de tous les faits divers qui en émaillent la marche. Un an après un certain livre où il était question d’un auteur qui avait les faveurs du monde germanopratin, un nouveau livre se fait une mauvaise joie de révéler les turpitudes d’un ponte qui appartient à un entre-soi paré de vertu où tout le monde fermait les yeux. Là où « le journal de bord de la race humaine » rapporte des hauts faits tels le sacrifice qu’un roi grec fait de sa fille pour que les dieux lui accordent des vents favorables, ou encore les songes d’un jeune prince danois que le fantôme de son père vient hanter, le livre relate des faits qui relèveraient de la justice s’ils n’étaient prescrits. Les mœurs d’une classe politique parvenue au pouvoir au tournant des années Quatre-vingt, composée d’individus, hommes sans dieux qui ont proclamé la fin de l’histoire et la fin de tout destin, soucieux avant tout de leur propre bien-être. Il y avait sans doute matière à construire une fresque romanesque de cette décadence digne des patriciens du bas-empire mais n’est pas Balzac ou Pétrone qui veut. D’une certaine manière cependant, le dilemme du témoin avait une dimension tragique : la protection de la famille contre l’omerta et le silence complice. L’auteure a-t-elle exploité ce thème ? Ne se contente-elle pas de livrer un réquisitoire faussement sobre dont nul éditeur n’aurait voulu si, ici et là, n’étaient suggérées quelques figures d’actrices et de politiques célèbres et si l’auteure, qui appartient au microcosme dont elle dénonce les mœurs, n’avait bénéficié de l’un des nombreux ascenseurs à sa disposition ? Un tirage de cent milles exemplaires, dit-on. Cela laisse rêveur ! « Le journal de bord de la race humaine » s’est-il pour autant enrichi de quelque haut fait ? Le Satyricon a traversé deux millénaires, prémonitoire de la chute d’un empire qui se croyait éternel. La grande affaire familiale est-elle autre chose qu’un compte-rendu qui confirme ce que chacun savait déjà et dont, bientôt, le caniveau emportera les miasmes ? 

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