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site de Roland Goeller
18 décembre 2022

Pastiche du 18 décembre

bordeaux simulacre sapin

Un cône polyédrique est érigé devant la cathédrale St-André en guise de sapin. Le simulacre convient à l’opinion publique aux yeux de laquelle crèches, crucifix et Nativité deviennent blasphématoires. La coupe du monde de football se déroule sans grandes surprises, spectacle planétaire qui pourrait se dérouler n’importe où. Les indignés à nouveau dociles ont rejoint les supporters. Les formations issues de pays où règne un esprit patriotique semblent bénéficier d’un avantage, ainsi du Maroc, de la Croatie. La première ministre enchaîne les 49.3 comme Giroud les buts. La démocratie s’étiole en marchandages. Les coupures d’électricité n’ont pas eu lieu, la fiction des énergies alternatives un instant menacée continue son cours. La prime à la voiture électrique n’est pas abolie. Les décisions politiques répondent aux humeurs d’une opinion publique étourdie par les slogans contradictoires. Les véritables enjeux sont perdus telles des perles au milieu de débris de verre. La ville d’Angoulême annule une exposition consacrée au dessinateur Bastien Viviès. Ce dernier se voit cloué au pilori pour ses thématiques incestueuses et pédophiles. Les censeurs autoproclamés s’étripent tels noceurs du Bas-Empire dans un roman de Pétrone. Les représentations ont désormais rang d’intentions, d’incitations à ceci, cela. Elles tombent dans le périmètre de la loi, ultime étape d’un processus qui a commencé avec la mise au pilori de caricatures danoises. Dostoïevski a expurgé ses tendances sociopathes dans ses romans. Viviès se vautre dans son ornière en espérant le salut par l’excès mais, comme disait Voltaire, je me battrai pour que… Dans son discours de réception à l’Académie Nobel, Mme Ernaux affirme avoir voulu « venger sa race » et construit son œuvre dans cet esprit. Mme Ernaux a fait preuve de talent, certes, mais là n’est pas la question. Il y a dans tout ressentiment cultivé une imposture. Celle de Mme Ernaux consiste à faire le procès inextinguible d’un monde où existent des « petites gens », où les inégalités existent, plutôt que de saluer les vertus de ce monde qui lui ont permis de s’élever et prendre rang parmi la nomenklatura. « Je pensais orgueilleusement et naïvement qu’écrire des livres, devenir écrivain, au bout d’une lignée de paysans sans terre, d’ouvriers et de petits-commerçants, de gens méprisés pour leurs manières, leur accent, leur inculture, suffirait à réparer l’injustice sociale de la naissance. Qu’une victoire individuelle effaçait des siècles de domination et de pauvreté, dans une illusion que l’École avait déjà entretenue en moi avec ma réussite scolaire », écrit-elle. Triste destin que d’en être resté au « regard méprisant » porté sur le monde d’où elle est issue et de ne pas avoir regardé le lotus poussant dans la boue ! Blanc de Sylvain Tesson et Le mage du Kremlin de Empoli me semblent être deux livres pleins de promesses.  

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