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site de Roland Goeller
31 décembre 2011

La parité enragée

J’ai gardé de mes années quadra cette habitude d’écouter France Culture, le matin, pendant le petit déjeuner. Ce sont en général quelques instants où l’esprit à peine sorti des limbes garde sa fraîcheur d’éponge  et enregistre le moindre bruit comme au premier jour. Il m’était agréable alors de prendre connaissance du monde par une information circonstanciée, étayée, donnée plutôt que communiquée, transmise plutôt qu’assénée.

Les temps ont bien changé et FC aussi, mais les habitudes ont la vie dure. Aujourd’hui il fut question de parité. Parité hommes femmes, il va de soi. Et bien sûr c’est une information à charge qui partit à l’assaut de mes oreilles à peine sèches. Les derniers rapports semble-t-il restent accablants quant à la réalité de la parité dans nos entreprises. Cela fut dit à la manière d’un compte-rendu de bataille, Kriegsbericht. Et la plupart du temps, vitupère le journaliste, les sanctions ne sont pas appliquées en vertu de la clause suspensive de difficulté économique que les entreprises peuvent invoquer. Je suis pris à parti. Tandis que, hésitant, je trempe mon pain dans le café fumant, le journaliste en habit de juge d’instruction convoque les protagonistes au tribunal de l’opinion publique et transforme ma cuisine en prétoire. Si encore le prétoire était au centre, mais non ! Le gouvernement, une fois de plus, est accusé de tous les maux, ah que ne fût-il de gôche ! Que les entreprises fonctionnent ou non, peu importe, pourvu que la loi sur la parité soit respectée et demain, me dis-je, ils trouveront un autre sujet d’indignation …

Disons-le quand il est encore temps : je ne suis pas un abominable sectaire machiste favorable à l’imparité (le contraire de la parité). Je suis très favorable aux principes d’équité et de mérite, quelque chose comme : à travail et mérite égaux, salaire égal. Je sais qu’il existe des tas de statistiques qui disent tout et leur contraire et je ne veux pas entrer dans un débat d’experts. Dans l’entreprise où je travaille, il me semble que les postes de travail (et les rémunérations) ne sont pas définis en fonction du genre ou du sexe des personnes qui les occupent. Les parts variables, d’appréciation plus subjective, ne me semblent pas non plus faire l’objet de scandaleuses discriminations, en tous cas pas sur des questions de parité. Je ne dis pas que le monde est parfait, je dis que dans l’entreprise où je travaille (où travaillent aussi 160 000 autres personnes) les répartitions hommes femmes ne me semblent pas souffrir de scandaleux déséquilibres.

Une maternité cependant coûte un à deux ans de carrière à une femme, entends-je dire. Cela est vrai. De même une femme en souci de crèche ou de garde scolaire ne fait pas preuve de la même disponibilité que son homologue masculin qui en est déchargé, sa carrière s’en ressent et donc aussi sa rémunération. Il y a certes déséquilibre, mais le compte de ce dernier en revient-il à l’entreprise ou au couple à l’intérieur duquel les rôles se répartissent ? Je n’ai pas entendu le journaliste m’éclairer sur ce point très particulier mais peut-être mon esprit était-il ce matin plus particulièrement embrumé. Peut-être aimerait-il parfois entendre que l’entreprise dans laquelle je travaille ne fermera pas ses portes par suite des pénalités dont on la menace pour défaut de parité !

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Commentaires
S
Pourquoi les journalistes n'auraient pas le droit d'ajouter à leur palette la très commune compétence de "Yaka"? Ou de dire comme la Reine de Pique: "Qu'on leur coupe la tête!"<br /> <br /> Mais vous avez raison: la vraie parité ne peut exister: les femmes tiennent à leurs maternités comme un droit (qu'il est devenu après avoir été un devoir). Et ce "droit" peut entrer en conflit intime avec un devoir (comme celui de remplir le contrat avec l'employeur). Les femmes ont aussi une autre "économie". La puissance fait partie des "devoirs" et non du "droit". Si un homme veut une place, qu'il la prenne!<br /> <br /> Je décris la situation qui prévaut dans notre société. J'ai l'impression que dans d'autres sociétés comme les nord-américaines, c'est différent.
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